Un certain regard

Isabella Rossellini succède à Pablo Tapero pour présider la programmation bis de la section officielle. Le choix de cette actrice solide et charismatique s'impose d'autant plus qu'un hommage sera rendu à Ingrid Bergman. Fille de l'actrice suédoise et du réalisateur italien Roberto Rossellini, Isabella a débuté auprès de sa mère dans Nina (1976) de Vincente Minnelli. Au cours de sa carrière, elle a été dirigée par les frères Taviani, David Lynch, Norman Mailer, Robert Zemeckis, Peter Weir, Abel Ferrara et Guy Maddin. En 2008, elle avait incarné la mère de Joachin Phoenix dans Two Lovers de James Gray.

Isabella Rossellini délibérera avec quatre autres jurés. Révélé en 2009 avec Un prophète, qui lui a valu deux César, l'acteur Tahar Rahim était venu à Cannes il y a deux ans pour présenter Le Passé en compétition officielle et Grand Central à la Quinzaine des Réalisateurs. Cette année, il fait également l'ouverture de la Semaine de la Critique avec Les Anarchistes.

Réalisatrice et actrice libanaise, Nadine Labaki était l'auteure de Caramel, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2007. Quatre ans plus tard, elle remportait une mention spéciale Prix œcuménique pour Et maintenant, on va où ?

Autre femme cinéaste, Haifaa Al-Mansour, originaire d'Arabie Saoudite, a rencontré un grand succès en 2012 avec Wadjda, un joli conte humaniste et féministe.

Panos H. Koutras, réalisateur grec révélé en 1999 avec L'Attaque de la moussaka géante, a touché les festivaliers de l'an passé avec les très beau Xenia, présenté dans cette même section Un Certain Regard.

La sélection

Ouverture : AN, de Naomi Kawase (complément de programme)
Masaan, de Neeraj Ghaywan
Rams, de Grimur Hakonarson
Vers l'autre rive, de Kiyoshi Kurosawa
Je suis un soldat, de Laurent Larivière
Soleil de plomb, de Dalibor Matanic
Taklub, de Brillante Mendoza (complément de programme)
The Other Side, de Roberto Minervini
L'Étage du dessous, de Radu Muntean
The Shameless, de Oh Seung-Uk
Las Elegidas, de David Pablos
Nahid, de Ida Panahandeh
Le Trésor, de Corneliu Porumboiu
Alias Maria, de José Luis Rugeles Gracia
La Quatrième voie, de Gurvinder Singh
Madonna, de Shin Suwon
Cemetery of Splendour, de Apichatpong Weerasethakul (complément de programme)
Maryland, d'Alice Winocour
Lamb, de Yared Zeleke (complément de programme)

Kiyoshi Kurosawa est sans doute l'un des cinéastes japonais les plus doués de sa génération, et il a donné le meilleur de lui-même avec le diptyque Shokuzai – Celles qui voulaient se souvenir et Shokuzai – Celles qui voulaient oublier. Il avait présenté Kaïro à la Quinzaine des Réalisateurs avant de concourir en compétition officielle pour Jellyfish et de remporter le Prix du Jury Un Certain Regard pour Tokyo Sonata. Vers l'autre rive, sélectionné cette année, nous promet d'autres mystères oniriques...

Caméra d'or en 2006 pour 12h08 à l'est de Bucarest (Quinzaine des Réalisateurs), Prix du Jury Un Certain Regard et Prix FIPRESCI en 2009 pour Policier, adjectif, Corneliu Porumboiu présente Le Trésor, une comédie noire révélatrice d'un certain cinéma roumain.

Son compatriote Radu Muntean avait également été révélé à Un Certain Regard avec Mardi après Noël, projeté il y a cinq ans. Il retrouve cette année cette section avec le drame humain L'Étage du dessous.

Deux ans après Le Cœur battant, présenté en séance spéciale, Roberto Minervini, réalisateur italien exilé aux États-Unis, présente The Other Side, un semi-documentaire relatant les laissés-pour-compte de l'Amérique profonde.

Lauréate du Grand Prix Canal + du meilleur court métrage de la Semaine de la Critique en 2012, la Coréenne Shin Su-won propose Madonna. Il s'agit de son second long métrage et il a pour thème le don d'organes. Issu de la même cinématographie, Oh Seung-uk présentera le polar The Shameless.

Auteur de la comédie Sumarlandio, l'Islandais Grimur Hakonarson est sélectionné avec Rams, récit de deux vieux paysans, tandis que la Croatie est représentée par Soleil de plomb, récit de trois histoires d'amour à trois époques différentes, dont le réalisateur est Dalibor Matanic.

Autre histoire d'amour, Nahid est l'œuvre de Ida Panahandeh, une cinéaste iranienne adepte d'une démarche engagée, tandis que le Mexicain David Pablos signe avec Las Elegidas un portrait de la prostitution des mineurs.

Gurvinder Singh relate quant à lui un épisode sanglant de son New Delhi natal dans La Quatrième voie, coproduction roumaine et française. Autre réalisateur indien, Neeraj Ghaywan a choisi le récit choral pour traiter du thème des castes, dans Masaan, prétendant à la Caméra d'or.

Le troisième cinéaste a concourir pour ce prix du meilleur premier film est le Français Laurent Larivière, qui situe Je suis au soldat dans le Nord de la France, avec pour interprètes Louise Bourgoin et Jean-Hugues Anglade.

Alice Winocour quant à elle réunit Matthias Schoenaerts et Diane Kruger dans Maryland, parcours d'un ancien soldat, qui retrouvera peut-être la grâce d'Augustine, son premier long métrage révélé à la Semaine de la Critique il y a trois ans.

Gérard Crespo