La beauté des paysages arides ne cède jamais à l'esthétisme gratuit et il serait injuste de taxer d'académisme cette œuvre d'un simple classicisme et qui a été tournée, on s'en doutait, avec peu de moyens. Le plus intéressant réside dans la peinture des antagonismes de sexe, les préjugés de genre du père et de l'oncle se heurtant à la bienveillance des femmes. Car Ephraïm est un enfant sensible, doué pour la cuisine et son commerce, ce que supporte mal la communauté masculine soucieuse de maintenir l'ordre social et une stricte répartition des tâches entre l'homme et la femme. Le personnage ambigu de la cousine, que l'on soupçonne de mener une vie immorale et d'échapper à la norme, est une autre figure attachante de ce film subtil et émouvant. On sera en tout cas reconnaissant à Thierry Frémeaux d'avoir choisi ce film délicat pour représenter pour la première fois l'Éthiopie en sélection officielle.

Gérard Crespo