Les Filles du soleil |
La cata à l’attaque |
En dépit de sa formation juridique, Bahar n’éprouve aucune conscience politique et ne prend les armes que suite à la douleur d’avoir perdu son mari et sa sœur et dans l’espoir de retrouver son fils, l’instinct maternel guidant ses actions. Quant à la construction du récit, elle se déroule par l’utilisation de flash-back lourdingues qui voient la cinéaste se complaire dans une violence qu’elle souhaite pourtant dénoncer. Mais le pire est l’inutilité du personnage de la journaliste (inspiré de la reporter de guerre blessée Marie Calvin), qui incarne dans le film la bonne conscience occidentale, et que l’interprétation catastrophique d’Emmanuelle Bercot (encore plus mauvaise que dans Mon Roi) rend encore plus insupportable. L’œuvre s’achève par un long monologue emphatique, larmoyant et moralisateur, qui donne le coup de grâce à ce produit militariste et misérabiliste. Que les sélectionneurs du Festival de Cannes aient voulu augmenter le quota de réalisatrices dans une édition dédiée aux femmes n’est pas en soi une mauvaise chose : la présence d’Alice Rohrwacher, auteure du sublime Heureux comme Lazzaro, en est la preuve évidente. Mais qu’au nom du politiquement correct (qui glisse vers l’incorrect) on ait infligé aux festivaliers les pensums de Mesdames Labaki (Capharnaüm) et Husson est un réel problème : le cinéma ne sort pas grandi de ce chantage au sentiment et à l’air du temps.
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2h - France - Scénario : Eva HUSSON - Interprétation : Golshifteh FARAHANI, Emmanuelle BERCOT, Erol AFSIN, Behi DJANATI ATAI. |