Le synopsis : Entre l'Espagne et la France, la petite gare de Port-Vendres. Parmi les voyageurs de passage, le séduisant et mystérieux Gérard, qui devient l'homme à tout faire d'Eric. Outre un perroquet, un cafetier, une contrôleuse, il y a aussi Madame Catherine, qui meurt littéralement de rire en laissant un magot...

Notre avis : De Marc Recha, nous avions gardé le souvenir de Pau et son frère (2001), encensé par Jean Gouny dans nos colonnes, mais qui connut un échec public. La chronique insolite de ces Mains vides risquera d'en déconcerter plus d'un. Pour qui veut faire l'effort de percer le mystères des intentions du cinéaste, le charme pourra opérer : poésie discrète d'un univers oscillant entre Tati et Iosseliani, mélange de réalisme documentaire (les séquences dans le train) et de loufoque surréaliste (Eric en foulard déambulant et dansant dans la demeure). Des no man's land mystérieux (gares, chantiers, ruines d'une usine d'explosifs) créent un certain trouble et une étrangeté qui complètent (et compensent) une ambiance tant glauque que poisseuse. En même temps, une (discrète) veine burlesque semble orienter le cinéaste vers un autre registre.

Les autres trouveront le temps long et pourront se retrancher dans la contemplation de bons comédiens dont certains sont des habitués des sélections cannoises. Le jeune Jérémie Lippmann (Éloge de l'amour) promène sa mine boudeuse et son beau charisme. Mireille Perrier (Toto le héros, À vendre), actrice rare, subjugue autant qu'une Seyrig. Le ténébreux Eduardo Noriega (Ouvre les yeux) est méconnaissable en ouvrier saisonnier. Quant à Olivier Gourmet (Nadia et les hippopotames, Rosetta, Le Fils, Une part du ciel, Le Temps du loup, Congorama, Home, Altiplano), il confirme son aisance à se mouler dans dans un cinéma d'auteur de qualité.

Gérard Crespo