Altiplano |
"Sans image il n’y a pas d’histoire". Ce film, chargé de symboles spirituels, aurait pu émouvoir ses spectateurs s’il avait choisi d’approfondir un sujet en particulier, et de ne pas traiter seulement en surface ces sujets. On peut rencontrer le problème de la pollution au mercure, les conflits ethniques entre Blancs et Péruviens, le manque de moyens des médecins humanitaires, les suicides de protestations… Le film est un panorama de cartes postales qui magnifie les paysages fades due à une surexposition, la jeune fille-Sainte vierge, la femme en deuil ou encore les morts. Les réalisateurs ont désiré "ré-enchanter le monde" en passant par la civilisation quechua mais cette façon spirituelle de traiter les sujets dépasse le propos du film et reste insuffisamment maîtrisée. Le réalisateur multiplie les thèmes et brouille les pistes sans jamais les démêler et sans affirmer de point de vue clair : Qui est l’agresseur ? Qui est l’opprimé ? Sont-ce les entrepreneurs américains ? Les médecins qui ne savent pas les soigner ? Ou les villageois révoltés qui leurs jettent des pierres ? Les images fixes témoignent néanmoins d’une plus grande objectivité qui permet au spectateur de s’y retrouver dans ce propos filmique. Mais on reste perdu dans la narration par les oppositions permanentes qui ne trouvent pas toutes leur sens, comme par exemple le soleil et la lune. Les panoramiques, les travellings et les contre-plongées traduisent à la fois la supériorité de la religion et la magnificence de la Vierge. La musique est belle et puissante et contribue à emporter le spectateur mais les chœurs à connotation moyenâgeuse amplifient le caractère héroïque à la "Jeanne d’Arc" de la jeune Péruvienne. Le réalisateur a choisi de montrer la foi indispensable aux Péruviens et déclinante chez les occidentaux par les lieux choisis : le culte religieux de la vierge, les superstitions au Pérou et l’église en ruine qui sert de logis à la famille belge. Malgré la surabondance de symboles religieux et l’intention hasardeuse des réalisateurs, ce film reste tout de même esthétique et offre au spectateur un voyage spirituel à travers les quatre éléments : eau, terre, air, feu. Laura Desèbe, Céline Krawczyk, Laura Weiss, Lycée Louis Armand de Chambéry Beauté. Poésie. Deuil. Beauté. De paysages lointains et désertiques, appelant un sentiment de plénitude. De visages emplis de tristesse et de désespoir, de couleurs exaltant l’esthétique des plans, de photographies réminiscentes. Poésie. De musiques sublimant images oniriques et surréalistes. Des cultures oubliées, d’un peuple luttant pour son identité. D’une intrigue envoûtante. Deuil. D’une communauté persécutée, à la recherche d’un refuge spirituel. De deux femmes déplorant la disparition de l’Être aimé. Du spectateur emporté par des impressions rémanentes. Altiplano est une fresque liant mythes, symboles et traditions. Il nous restera l’adage « Profite bien du monde, puisqu’il n’est que vent et mythes ». Elise Laville, Marie Kolbenstetter, Philippe Meistermann, Lycée Batholdi de Colmar |
Deux histoires, deux femmes, deux cultures. Saturnina, queshuanne, a perdu son mari, mort des suites d’une contamination au mercure qui a touché son village. Grace, belge, a arrêté le métier de photographe depuis la mort de son guide sous ses yeux en Irak. Max, médecin spécialisé dans la cataracte, se déplace dans le village de Saturnina avec une caméra, afin de filmer tous les moments marquants de son voyage et de les transmettre à Grace, sa femme. Il se fait lapider par des villageois et Saturnina récupère la caméra qui devient son moyen de communication avec le reste du monde. Lorsque Grace retrouvera la caméra, celle-ci deviendra comme un témoin de relais entre les deux femmes. La bande son est très présente et souligne les séquences importantes du film : folklorique, elle accompagne les scènes de traditions propres aux Queshuans ; air d’opéra, elle accentue l’émotion de certains passages du film. La musique gagnerait parfois à être plus effacée, voire absente : certaines scènes seraient plus fortes sans. On sent une alchimie entre les acteurs, qui arrivent à nous transmettre différents émotions à travers leur jeu. Tantôt en couleurs, pour les actions concrètes du film, tantôt en noir et blanc, pour les croyances et la spiritualité, les images participent également au partage des sentiments. Les symboles religieux sont omniprésents : à la fin, Saturnina est assimilée à la Vierge Marie de laquelle elle était la gardienne au début du film ; la jeune femme est allongée en position de croix puis emmenée par trois hommes. Certaines de ces images sont peut-être de trop, en tous cas pas indispensables : elles alourdissent parfois le propos. Ce film est un message, une critique de l’exploitation de certaines minorités par des majorités supérieures en moyens et en nombre que les réalisateurs ont très bien réussi à transmettre. Altiplano, ou l’art d’élever nos réflexions au-delà des montagnes. Hana Cherrat, Elodie Saby, Lycée Marcelin Berthelot de Pantin « Prends la photo ! Prends la photo je te dis ». Un coup de feu. Plus d’Omar. Du chagrin seulement. De la souffrance. Max s’en va. Grace reste seule en Belgique. A Turubamba, c’est Ignacio qui n’est pas revenu. Et Saturnina qui pleure. C’est ce que nous montrent Peter Brosens et Jessica Woodworth dans leur film Altiplano. Que ce soit en Europe ou en Amérique latine, les hommes souffrent. Alors que certains repoussent les Blancs, d’autres essayent de s’incruster chez les Rouges. Cette histoire est universelle. Le sujet est terrible. La volonté d’aider est écartée par la méfiance et les légendes d’un peuple. Des pierres sont lancées, des hommes tombent. Les scènes sont fortes et puissantes. On voyage. Le Pérou flamboie sous la caméra. Rouge, jaune, bleu… Les couleurs s’assemblent et se rassemblent dans des scènes d’une esthétique rare. Les acteurs y contribuent. Presque tous non professionnels, ils évoluent dans leur misère de manière sincère et juste. On découvre une culture, on apprend des rituels. On se questionne, on s’interroge mais on reste sans réponses. Des longueurs s’installent. Dommage pour un film pourtant si bien commencé ! Le mercure, lui, continue à contrôler la vie des habitants du petit village. Même les médecins Blancs ne savent plus que faire ! D’ailleurs n’est-il pas un peu déplacé d’installer un centre de soins pour la cataracte dans un tel endroit alors qu’il y aurait tant d’autres priorités ? Les gens se battent et revendiquent. Se suicident même. Par désarroi ? Par tristesse ? Deux femmes ne se croiseront donc pas, on reste perplexe. On a de plus en plus de mal à suivre mais les peintures dépeintes restent sublimes ! Les personnages trouvent une certaine paix. Ils résistent pour garder ce en quoi ils croient. Pour témoigner, on prend donc des photos, on fait donc des films… Car « sans images, il n’y a pas d’Histoire » !
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1h50 - Belgique, Allemagne, Pays-Bas - Scénario : Jessica WOODWORTH, Peter BROSENS - Interprétation : Magaly SOLIER, Jasmin TABADABAI, Olivier GOURMET, Edgar CONDORI, Sonia LOAIZA. |