Une part du ciel
A Piece of Sky
Bénédicte Lienard
Sélection Officielle
Un Certain Regard
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Une part du ciel est un film politique et finalement, à Cannes, il n'y en a pas beaucoup.
Des images de prison et d'usine s'entrecroisent : dans les deux mondes, des femmes et des murs, le spectateur s'y perd... On comprend, peu à peu, qu'une ouvrière d'une fabrique de viennoiserie industrielle est allée trop loin dans la lutte sociale et s'est retrouvée en prison. On comprend aussi que sa meilleure amie, syndicaliste, ne l'a pas soutenue, mais qu'elle continue à résister dans leur entreprise. Le film parle du combat pour la dignité de ces deux femmes.
Elles ont été séparées et l'action, dans des mondes différents mais semblables, va les rapprocher à nouveau. Combat de l'une contre l'indifférence, l'anonymat et la médiocrité ; combat de l'autre contre l'exploitation, les compromissions et les trahisons de ceux qui s'institutionnalisent.
Les images sont souvent étouffantes, le style pesant et les scènes répétitives, mais tout cela est au service d'un vrai propos : les femmes avancent dans des couloirs interminables ;

difficiles au début, leurs pas sont de plus en plus
déterminés au fur et à mesure qu'elles prennent conscience de leur force. Cette dernière n'est pas
expliquée, comme chez Eisenstein, par une quelconque appartenance de classe ou conscience collective. Tout cela semble avoir été balayé par la déstabilisation de la condition ouvrière et le manque d'espoir dans une société meilleure. Leur force ne peut donc venir que d'elles mêmes, de leur refus du laisser aller, de leur choix de ne pas se laisser faire... Ce film est un hymne à la liberté, non pas à l'état de liberté d'une société rêvée par Coca Cola ou Hollywood Chewing Gum, ces ouvrières ayant pris conscience que leur condition sociale les a définitivement enfermées, mais à la liberté de refuser justement cet enfermement, à la liberté de lutter.
Ce premier film n'est pas vraiment spectaculaire, et il est sans concession, mais il possède une force qui est devenue rare dans le cinéma contemporain, sauf peut être dans les films du Nord, ceux des frères Dardenne par exemple.

Jacky Silvano


1h26 - Belgique - Scénario et dialogues : Bénédicte Liénard - Images : Hélène Louvart - Montage : Marie-Hélène Dozo ï - Décors : Patrick Dechesne - Interprètes : Séverine Caneele (Joanna), Sofia Leboutte (Claudine), Josiane Stoleru (Mme Picri), Naïma Hireche (Naïma), annick Keusterman (Annick), Yolande Moreau (Mme Pasquier).

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