Et pour quelques dollars de plus |
Les deniers du culte Après Pour une poignée de dollars, et avant Le Bon, la brute et le truand, Et pour quelques dollars de plus permet à Sergio Leone de peaufiner son style désormais légendaire. Le film marque sa seconde collaboration avec Clint Eastwood, qui incarne à nouveau un « homme sans nom », mais avec poncho, au point qu'on pourrait croire au vu de sa première apparition à l'écran qu'il s'agit de la suite du film précédent. L'histoire, à laquelle ont collaboré trois autres scénaristes, n'est pas ici l'intérêt majeur. Deux chasseurs de primes intègres, par ailleurs tireurs d'élite (Clint Eastwood et Lee Van Cleef), décident aussi de s'associer pour poursuivre une brute épaisse (Gian Maria Volonté) qui sème la terreur dans toute la région. Toutes les conventions du western (spaghetti ou non) sont ici au rendez-vous, de l'attaque de la banque au duel au soleil, en passant par des innombrables règlements de comptes. L'essentiel est ailleurs, dans cette griffe esthétique unique, Leone gagnant son pari dès le pré-générique : |
on y voit un plan d'ensemble sur le désert, avec un cavalier filmé de loin, abattu d'un coup de fusil en moins d'une minute, l'air mélodieux d'Ennio Morricone accompagnant l'action. La forme primera sur le fond pendant les deux heures qui vont suivre, avec cette aisance à faire durer les silences, cette alternance de plans larges et de gros plans sur des justiciers ou des salauds, ou cette chorégraphie théâtrale des séquences de bagarre. Multipliant les ruptures de ton, Leone passe avec aisance et brio de l'humour noir (le décompte des cadavres dans une charrette) à la violence sans concessions (un double crime dans une chambre d'hôtel). Auprès du trio vedette, une galerie impressionnante de seconds couteaux jalonne tout le récit, composée d'acteurs italiens (Mario Brega), espagnols (Aldo Sambrell), grecs (Panos Papadopulos), ou autrichiens (Joseph Egger). La palme revient dans cette catégorie à l'Allemagne, en la personne de Klaus Kinski (d'origine polonaise). Le futur interprète de Herzog a déjà ce regard hallucinant et terrifiant qui sera sa spécialité dans ses rôles ultérieurs. Gérard Crespo
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1965 - 2h12 - Italien Espagne, Allemagne - Scénario : Sergio LEONE, Fulvio MORSELLA, Luciano VINCENZONI, Fernando DI LEO, Sergio DONATI - Interprétation : Clint EASTWOOD, Lee VAN CLEEF. Gian Maria VOLONTÉ, Maria KRUPP, Mario BREGA, Luigi PISTELLO, Aldo SAMBRELL, Roberto CAMARDIEL, Joseph EGGER, Tomas BLANCO |