Le Bon, la brute et le truand
Il Buono, il brutto, il cattivo
de Sergio Leone
Sélection officielle
Cinéma de la Plage


Sortie en salle : 5 novembre 2014




« Tu vois, le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses. »

Pendant la guerre de Sécession, trois hommes, préférant s'intéresser à leur profit personnel, se lancent à la recherche d'un coffre contenant 200 000 dollars en pièces d'or volés à l'armée sudiste. Tuco (Eli Wallach) sait que le trésor se trouve dans un cimetière, tandis que Joe (Clint Eastwood) connaît le nom inscrit sur la pierre tombale qui sert de cache. Chacun a besoin de l'autre. Mais un troisième homme entre dans la course : Setenza (Lee Van Cleef), une brute qui n'hésite pas à massacrer femmes et enfants pour parvenir à ses fins.

C'est le troisième volet de la trilogie des « dollars », après Pour une poignée de dollars et Et pour quelques dollars de plus. C'est aussi le plus abouti. Sergio Leone n'était plus l'obscur réalisateur caché derrière un pseudonyme américain mais un cinéaste à succès, digne de la confiance des producteurs, et dont la griffe d'auteur commençait à inspirer des exégèses dans le monde de la cinéphilie. Le film disposait d'un budget plus confortable. Pour la troisième fois, Clint Eastwood (le Bon) revêt le poncho et compose un personnage taciturne, mi-justicier, mi-truand, qui trouvera en la personne de Turco (le Truand) moins un alter égo qu'un redoutable concurrent, avec lequel il entretiendra des relations de coopération et de rivalité, mais aussi d'amitié (refoulée) et de haine. Eli Wallach, que l'on avait pu apprécier dans Baby Doll et Les Misfits, réussit son incursion dans le western spaghetti. Il faut le voir harceler et humilier Joe, qu'il affuble du surnom de Blondin (Blondie dans la VO), dans une désormais scène culte de traversée d'un désert que l'on n'avait pas vu aussi bien filmé depuis Lawrence d'Arabie.

Les scènes cultes, ce n'est pas ce qui manque à ce western semi-parodique, et ce dès la présentation des trois protagonistes. Si le personnage de Tuco (la Brute) semble un peu en retrait, Lee Van Cleef compose l'un des méchants les plus terrifiants du genre, anticipant le Henry Fonda de Il était une fois dans l'ouest. Mais revenons aux scènes cultes. Elles s'insèrent avec bonheur dans le style de Leone, fait de silences pesants, d'étirement temporel, ou d'alternance de plans d'ensemble et de gros plans, le tout bercé par les accords de l'indispensable Ennio Morricone, qui fait ici la part belle aux sifflements mélodieux. Des nombreux passages mémorables, on citera les libérations préméditées de Tuco par Blondin, ou le célèbre duel à trois près d'un cimetière.

Au-delà de la forme, la réussite du film doit beaucoup au scénario et aux dialogues qui ont nécessité la collaboration de six artistes dont Luciano Vicenzoni et Furio Scarpelli. Ils nous régalent de répliques sarcastiques, dont un fameux : « Tu vois, le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses. », asséné par Eastwood à un moment déterminant du récit.

Comme à son habitude, Sergio Leone s'est aussi entouré d'un truculent casting de seconds couteaux qui pimentent l'action. C'est toujours un plaisir de redécouvrir les trognes de Mario Brega en gardien sadique (scène de torture osée pour l'époque), Al Mulock en chasseur de primes manchot ou Enzo Petito en armurier dépassé par les événements.

Gérard Crespo



 

 


1966 - 3h36- Italien Espagne - Scénario : Sergio LEONE, Furio SCARPELLI, Luciano VINCENZONI, Agenore ACROCCI, Sergio DONATI - Interprétation : Clint EASTWOOD, Eli WALLACH, Lee VAN CLEEF, Luigi PISTELLI, Aldo GIUFRE, Chedo ALONSO, Mario BREGA, Aldo SAMBRELL, Rada RASSIMOV, Enzo PETITO, Antonio CASAS, Antonio MOLINO ROJO, Livio LORENZON,

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