Antiviral |
Les héritiers Le premier long métrage du fils de David Cronenberg a été fraîchement accueilli, au mieux avec une indifférence polie, au pire avec des sarcasmes, et dans l'ensemble avec un sentiment d'ennui distingué. Subir la comparaison avec papa était pourtant inéluctable et l'on peut se demander si Antiviral aurait attiré l'attention des sélectionneurs, n'était le prestigieux nom de famille du jeune réalisateur. Le scénario et la mise en scène se réfèrent indiscutablement à la filmographie paternelle. Après avoir été infecté par un virus qui a tué la superstar Hannah Geist, Syd March se doit d'élucider le mystère entourant cette mort pour sauver sa propre vie. On retrouve cette fascination pour la chair, la peau, les microbes, et le film déploie tout un arsenal d'hémorragies, coupures, transfusions et intoxications, réelles ou fantasmées, et qui ont fait l'image de marque de David Cronenberg, de Frissons à eXistenZ, même si l'auteur de Dead zone avait aussi exploré un univers plus cérébral (Spider). Brandon reprend cette panoplie mais force est de reconnaître qu'en dépit de séquences réussies (l'évasion de la clinique), ce qui pouvait paraître naguère nouveau et subversif semblera ici plutôt lisse. |
Les mêmes réserves pouvaient être adressées il y a quinze ans à Nick Cassavetes lorsqu'il avait adapté à l'écran She's so lovely, d'après un scénario de son père. N'est pas Jacques Tourneur qui veut... Mais après tout, certains ont bien reproché à David Cronenberg himself (à tort à notre sens), de sombrer dans la commande et l'académisme avec les récents A Dangerous method et Cosmopolis. Qui sait ? La seconde œuvre du fiston paraîtra peut-être plus personnelle, passé cet opus qui se veut sans doute un hommage d'introduction dans une filmographie à venir. Au-delà de l'exercice de style convenu, Brandon Cronenberg est au demeurant un bon technicien, entouré d'une équipe compétente (cadrages et photo soignés). Et sa direction d'acteurs est plus que prometteuse : la présence du vétéran Malcolm McDowell pourra être interprétée comme un second clin d'œil mais à un autre maître du cinéma, et ce un an après la restauration d'Orange mécanique ; deux jeunes comédiens dégagent en outre un magnétisme certain : Caleb Landry Jones, déjà aperçu dans The Social Network, et Douglas Smith. Gérard Crespo
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1h50 - Canada, Etats-Unis - Scénario : Brandon CRONENBERG - Interprétation : Caleb Landry JONES, Sarah GADON, Malcolm McDOWELL, Douglas SMITH. |