Michael |
« M. les maux dits » Le synopsis de Michael peut tenir sur un ticket de métro… « Les cinq derniers mois de la vie commune forcée entre Wolfgang ; 10 ans, et Michael, 35 ans ». Quand on sait que le réalisateur Markus Schleinzer, dont c’est le premier film, a été pendant quinze ans le directeur de casting de Michael Haneke, on pouvait s’attendre à une œuvre plus rêche que guillerette. Si le film ne rentre pas dans la catégorie des films que l’on peut qualifier d’ « aimables », Michael est admirable sur bien des aspects. Le scénario tout d’abord qui – raconte son auteur – ne s’est inspiré d’aucun fait divers relaté par les médias, ce qui paradoxalement contribue à cette impression continue de vérité. Une fois encore, la fiction permet de donner plus de lisibilité à la réalité. |
La mise en scène, sobre (ellipses sur les rapports sexuels) et parfois rugueuse (pas de musique, beaucoup de plans fixes), sait aussi être élégante (les rares travellings dont celui de la chasse infructueuse au karting) et astucieuse (la virée au ski de Michael, entre la respiration et la suffocation pour le spectateur). Le plus réussi est cette horrible impression de renoncement de la part de l’enfant, manifestement séquestré depuis suffisamment longtemps pour se résigner et s’efforcer de construire un quotidien « acceptable ». On pourra reprocher que pour son premier film, Markus Schleinzer soit resté un peu à la marge d’un questionnement plus explicite mais plus dangereux. D’autres, de Fritz Lang (M le Maudit) à Almodovar (La Mauvaise Éducation), en passant par Nicole Kassell (The Woodsman), ont adopté un autre point de vue… Mais Michael garde son honnêteté à la fois morale et cinématographique jusqu’à la dernière séquence, à la fois attendue dans le fond et surprenante dans la forme, filmée en évitant tout ce qui pourrait ressembler à un procédé. Jean Gouny |
1H34 - Autriche - Scénario : Markus SCHLEINZER - Interprétation : Michael FUITH, David RAUCHENBERGER, Gisela SACHER. |