La Mauvaise education
Bad éducation - La Mala educacion
Pedro Almodóvar
Sélection officielle
Hors compétition

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Le générique du début, tout en rouge et noir, semble directement venu de l'enfer, celui de fin, sobre, sans couleur, inscrit le mot “Passion", seule explication proposée à la terrible absence de lendemains vers laquelle échoue le film. Le plus noir, bien que saturé des coutumières couleurs criardes de la movida, de Pedro Almodóvar. Cette fois, contrairement à Tout sur ma mère ou Parle avec elle, inutile de préparer vos mouchoirs. Ils resteront aussi secs que vos yeux. Pas le temps de s'attendrir, aucun espace n'est laissé à la sensiblerie. Le découpage donne au film un rythme époustouflant, met en scène des destinées dont l'accomplissement ne laisse aucun répit : celles d'Ignacio/Angel/Juan et d'Enrique, celle du Père Manolo/Monsieur Beranger. Trois personnages que l'on retrouve dans les années soixante, soixante-dix, quatre-vingts : enchevêtrement du temps au cours duquel le régime franquiste est tombé, l'Espagne s'est libérée et l'Eglise a perdu de sa toute puissance.

Deux enfants expérimentent leurs premiers émois amoureux, vite contrariés par la passion aveugle pour l'un d'entre eux du directeur de leur école religieuse. C'est là que Enrique et Ignacio découvrent le cinéma et perdent leur foi, l'un se déclarant hédoniste, le second se sentant dédouané de ses peurs et donc prêt à tout. C'est là qu'Ignacio doit commencer, très jeune, à se vendre. Plus tard, Enrique se fait un nom dans le cinéma et Angel, comédien, propose à son ami retrouvé de tirer un film d'une nouvelle qu'il lui laisse à lire, La Visite, et lui demande de jouer un rôle dans cette histoire, censée retracer leur propre histoire. A moins qu'entre temps d'autres déchirures ne viennent compromettre ce qui aurait pu être le seul exorcisme possible…
Le film est à l'image du panneau d'affichage du vieux cinéma Olimpo, qui, désaffecté, exhibe encore le puzzle déchiqueté d'une multitude d'anciennes annonces : une vie en recouvre une autre, sans jamais parvenir à effacer totalement les séquelles que la première a laissées.

Marie-Jo Astic


1h50 - Espagne - Scénario, dialogues : Pedro Almodóvar - Photo : José Luis Alcaine - Montage : José Salcedo - Musique : Alberto Iglesias - Interprétation : Gael Garcia Bernal, Fele Martinez, Daniel Gimenez-Cacho, Lluis Homar, Francisco Boira, Javier Camara.

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