Sisters in Law
Kim Longinotto et Florence Ayisi
Quinzaine des réalisateurs






Kumba, une petite ville au sud-ouest du Cameroun. Manka, six ans, a fui sa maison et sa tante abusive. Sonita accuse avec courage son voisin de viol. Amina a décidé de mettre fin à son mariage avec un homme brutal en le traînant devant le tribunal.
Sisters in law suit la conseillère d'Etat et la présidente de la Cour dans leur travail quotidien : apporter leur aide à ces femmes déterminées à mettre un terme à des existences par trop malmenées.

On ne manquera pas de comparer la démarche des deux réalisatrices à celle de Raymond Depardon dans Délits flagrants et 10e chambre - Instants d'audience, ne serait-ce que par l'approche documentaire de scènes de la justice ordinaire. Outre la qualité technique du tournage en caméra super 16, on sera sensible au thème de la condition féminine traité au travers de quatre affaires bouleversantes. La dignité de ces femmes juristes et des plaignantes, est montrée sans pathos. Le discours moralisateur des "Sisters", face à des accusés filmés sans concessions, loin d'agacer et de se prêter à la manipulation,

 


doit être situé dans le contexte d'une société patriarcale où la femme commence, non sans peine, à s'émanciper. Le film n'épargne pas non plus certaines figures féminines, à l'instar de cette tante se livrant à l'esclavage et la torture d'enfant, et l'on aurait souhaité en savoir un peu plus sur les conditions des détenus condamnés aux "travaux forcés" et leur aptitude à se réinsérer. Ce serait sans doute l'objet d'un autre documentaire.

Passionnant pour l'ethnologue et le cinéphile, Sisters in Law est une date capitale dans l'histoire du cinéma africain. On peut penser que Souleymane Cissé s'en inspirera en abordant le récit d'un adultère dans Min Ye.

Gérard Crespo


1h44 - G.-B. - Photo : Kim Longinotto - Son : Mary Milton - Musique : D'Gary - Montage : Ollie Huddleston.

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