Le Centre du monde
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Richard, un informaticien devenu milliardaire, rencontre dans un club, Florence, une superbe strip-teaseuse. Il lui propose un marché : s'enfermer dans un hôtel de Las Vegas pendant trois jours et trois nuits pour explorer les limites de leur sexualité. Les conditions : ni baiser sur la bouche, ni pénétration, ni sentiment... De Wayne Wang, réalisateur de l'attachant Smoke, on pouvait attendre mieux que ce produit chic pseudo érotique, qui ne ravira ni le public voyeur de Emmanuelle et 9 semaines 1/2, ni les amateurs d'esthétisme du type L'Empire des sens, ni ceux qui ont apprécié une forme de contre-culture sarcastique à l'instar de Shortbus. En dépit de quelques trouvailles visuelles (flash back en noir et blanc à peine coloré, long plan fixe des deux amants après l'acte...), le film peine à rendre compte du caractère factice des sentiments à l'ère du Web et de marchandisation croissante des rapports amoureux. Ce "dernier tango à Las Vegas" tourne ainsi à vide, et l'on aurait aimé un peu plus d'audace et de passion dans le propos. |
Pourtant, un trouble nous saisit lors de certaines séquences : les songeries fantasmatiques de Richard rêvant d'un rapport sexuel plus dense, ou l'irruption soudaine d'un amant client violent qui perturbera un peu le cours du récit nous sortent un peu de notre torpeur. Et le cinéaste a le mérite de choisir un second degré d'humour appréciable, loin du style chichiteux et prétentieux que le traitement du sujet pouvait laisser craindre. Quant aux deux acteurs, ils tirent admirablement leur épingle du jeu. Molly Parker (Wonderland, The Five Senses) et Peter Sarsgaard ont une véritable présence dramatique et physique. Pour eux, et quelques scènes éparses, le film pourra donc mériter une vision. Gérard Crespo |
1h27 - USA - Scénario et dialogues :
Ellen Benjamin Wang - Images : Mauro Fiore
- Musique : Six Degrees - Montage :
Lee Percy - Décors : Donald
Graham Burt - Interprètes : Molly Parker,
Peter Sarsgaard, Carla Gugina. |