Wonderland
de Michael Winterbottom
Sélection Officielle

Debbie, Nadia et Molly au pays londonien des merveilles

Un week-end dans un quartier populaire de Londres. Trois générations d'une même famille suivent des routes séparées et se croisent. Tourné en extérieurs, avec une équipe réduite, Wonderland décrit la vie quotidienne, dans une grande ville, de personnages ordinaires et attachants. Winterbottom les suit caméra sur l'épaule, les rencontre au détour d'une rue ou d'un pub. Instants volés, sourires échangés, chaleur d'un moment autour d'une bière, ivresse de la nuit...

et puis retour au petit matin, plus seuls que jamais, car ce combat élémentaire pour garder la tête hors de l'eau, rend leurs relations aux autres toujours difficiles. Inscrite dans la tradition documentariste anglaise, hommage au Free Cinema par la manière d'inscrire les personnages dans la cité, effectuée dans l'urgence, la démarche impressionniste de Winterbottom est saisissante :

mise en place et assemblage des éléments de l'histoire, jeu des acteurs, interaction entre personnages et arrière-plan, prises de vues dans les lieux publics avec de vrais clients, ambiance nocturne, image granuleuse et musique envoûtante de Michael Nyman, tout concourt à faire de Londres une vaste mer d'êtres humains, composée de millions d'individus qui essaient de mener leur propre vie. Un lien, aussi lâche soit-il, les unit pourtant : la famille. Winterbottom, glissant d'un personnage à l'autre, impose un regard lucide et désenchanté, jamais moralisateur et toujours chaleureux.

Gérard Camy