Habemus Papam
de Nanni Moretti
Sélection officielle
En compétition



Sortie en salle : 07 septembre 2011




« Dieu merci, je suis athée ! »

Nanni Moretti se surpasse avec cette fable tragi-comique qui lui permet d'aborder l'univers ecclésiastique vingt-cinq ans après La messe est finie. Dès les premières séquences, un humour acerbe désamorce le drame pressenti : après la mort du pape, les cardinaux réunis en conclave tentent d'élire un successeur, mais la fumée blanche peine à s'élever, et chacun prie le Ciel pour n'être pas l'heureux élu, tant la tâche semble difficile à assumer... Quand le nouveau pape est enfin choisi, celui-ci (Michel Piccoli), atteint un tel niveau d'angoisse et de doute qu'il se sent incapable de suivre sa mission. Moins ouvertement polémique que Le Caïman, qui évoquait les frasques de Berlusconi, Habemus Papam n'en est pas moins réjouissant, par ses saynètes satiriques et son ton pince-sans-rire :

il faut voir Sa Sainteté sombrer dans la névrose et le blocage psychologique, aidé par un psychanalyste athée et volubile (Nanni Moretti himself), pour apprécier la verve du cinéaste, qui propose la plus subtile peinture religieuse depuis Le sourire de ma mère de Marco Bellochio. Le meilleur réside dans cette fugue qui voit notre malheureux élu, ancien acteur, sympathiser avec une troupe de théâtre dans un hôtel cossu : Moretti réussit alors ce subtil mélange de réalisme documentaire et d'étrangeté irréaliste. Quant à Michel Piccoli, non doublé et bouleversant, il trouve son meilleur rôle depuis des années et n'aurait pas volé un Prix d'interprétation masculine. Comment cette œuvre profonde et captivante a-t-elle d'ailleurs pu être absente du palmarès ?

Gérard Crespo


1H42 - Italie - Scénario : Nanni MORETTI, Francesco PICCOLO, Federica PONTREMOLI - Interprétation : Michel PICCOLI, Nanni MORETTI, Margherita BUY.

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