Nymphettes au paradis des puritains

Les années 70. Cinq sœurs belles, blondes, âgées de treize à dix-neuf ans, vivent dans une petite banlieue bourgeoise comme il en existe tant aux Etats-Unis. La tentative de suicide de Cécilia, la plus jeune, va bouleverser la vie de cette famille. Chronique familiale, et drame contemporain, les vierges suicidées sont en quelques sortes les martyrs du puritanisme américain. En effet, Sofia Coppola, fille de son père, représente, avec une grande assurance, l'état d'esprit qui régnait à cette époque : la religion qui tient une grande place dans le mode de vie mais tend à disparaître dans la culture rock naissante ; l'incompréhension empirique de parents, dépassés par l'évolution des mentalités mais qui refusent de couper le cordon...

Le dépucelage, le soir du bal, de la plus délurée provoque la rupture totale : cloîtrées, les quatres sœurs sont obligées de brûler leurs disques comme on brûle les livres sataniques. Sans tomber dans la facilité "la religion cause de tous les maux", ni dans les clichés de représentation des seventies, Sofia Coppola réalise un premier film sensible, féminin, où les garçons ne sont plus que des spectateurs devant la vie nouvelle et débordante de ces adolescentes. Les images fluides, baignées de nostalgie, s'accordent parfaitement avec la musique composée par le groupe français Air.

Un premier film réussi, jeune, se démarquant de ceux de son père Francis qui, en bon papa, était allé voir le film de sa fifille incognito au Studio 13. "Qu'est qu'elle est douée ma fille !"

Julien Camy

1h35 - Titre original : The Virgin Suicides - scénario : Sofia Coppola d'après le roman de Jeffrey Eugenides - images : Edward Lachman - décor : Jasna Stefanovic - son : Richard Beogs - musique : Air - montage : Jim Lyons, Melissa Kent - interprètes : James Woods, Kathleen Turner, Kirsten Dunst, Josh Hartnett, Danny DeVito, Scott Glenn, Michael Pare.