Le Kathakali : une art exigeant

Vanaprastham est le troisième long métrage de Shaji Karun, et les deux précédents avaient déjà été sélectionnés au Festival de Cannes. L'œuvre se présente comme une vaste fresque débutant dans l'Inde des années 30. Kunhikuttan, né de mère de basse caste et de père inconnu, connaîtra une existence familiale difficile, mais jouira d'une reconnaissance grandissante grâce au Kathakali. Il s'agit d'un art très raffiné qui allie théâtre, danse et mime. Vanaprastham comporte plusieurs séquences plastiquement très belles, d'autant plus que le travail de chef opérateur de Renato Berta met admirablement en valeur la

combinaison des diverses couleurs des costumes et des maquillages. Le répertoire musical et les percussions utilisées pourront en revanche rebuter le spectateur non initié. En fait, le film est au carrefour de deux traditions du cinéma indien. D'un côté, le contexte social et politique ancre l'œuvre dans la lignée du cinéma d'auteur indien, sans la poésie et la chaleur humaine de Satyajit Ray. De l'autre, Vanaprastham puise son inspiration dans le cinéma populaire indien basé sur les chansons, la danse, le recours à des vedettes de premier plan et surtout la force du mélodrame.

A cet égard, les vicissitudes familiales et sentimentales du personnage principal nous émeuvent peu. Sans doute cela est-il dû à un regard assez froid du réalisateur et à une mise en scène somme toute assez statique.

Gérard Crespo

1h59 - The Last Dance (Europe: English title) - Titre original : Vanaprastham - scénario & dialogues : Shaji Karun, Ragunath Paleri - images : Renato Berta, Santosh Sivan - décor : Prakash Moorthy - musique : Zakir Hussain - montage : Sreekar Prasad - interprètes : Mohanlal, Suhasini...