The Shade

de Raphaël Nadjari
Sélection Officielle
Un Certain Regard

 

Parcours peu courant que celui de Raphaël Nadjari, cinéaste français parti adapter Dostoievski à New York ! Cela étant relevé, force est de reconnaître que la nationalité du cinéaste transparaît assez peu et que seuls les spécialistes du romancier russe reconnaîtront La douce dans cette histoire à cadre contemporain. Reste un film américain indépendant, avec ses qualités et ses défauts. A travers le tableau d'un couple qui se défait pour n'avoir su se comprendre, le (jeune) réalisateur semble prendre le contre-pied de Bergman, pour qui l'enfer de la solitude reste insondable comparé aux difficultés inhérentes à la vie en couple.

Ici l'incompréhension est totale, absolue, irrémédiable. Le caractère têtu, réservé de l'homme, prêteur sur gages de son état, plus engoncé dans ses mornes habitudes que le pire des ronds-de-cuir heurte de plein fouet les désirs d'évasion de la femme, surgie de nulle part et qui finit par y retourner. La principale qualité du film est de se montrer aussi obstiné que son personnage masculin, qui jamais ne se départit d'un sérieux qui dépasse les limites du raisonnable. C'est aussi son principal défaut, tant le spectateur manque d'oxygène.

Tant et si bien qu'il finit par se désintéresser de ce couple anémique dont les ressorts vitaux sont brisés à tout jamais. C'est évidemment une gageure que de faire un film passionnant sur l'ennui ou une oeuvre pleine sur le vide. Force est d'admettre que The shade n'a pas su dépasser cette contradiction.

Yves Alion

1h23 - scénario & dialogues : Raphaël Nadjari d'après La Douce de Dostoïevsky - images : Laurent Brunet - décor : Caroline Helain, Sean Foley - musique : John Surman - montage : Tom Donahue - interprètes : Richard Edson, Lorie Marino, Jeff Ware, Barbara Hass, Jacob Lavin.

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