Nos vies heureuses : ils connaissent la chanson...

Particulièrement représentatif des destins croisés, on a pu entendre de ce film qu'il était "bien français". Si Jacques Maillot est en effet français, il semble que les destins aient tendance à se croiser dans tous les pays du monde, mais qu'effectivement, ils le font particulièrement bien en France. Ceux de Julie, Ali, Emilie, Lucas, Cécile et Jean-Paul ne se réclament d'aucun prétexte, d'aucun fil conducteur. Leur point commun est celui de tout un chacun, c'est-à-dire la vie, mais surtout la richesse qu'elle apporte, sans qu'ils s'en rendent compte, à ceux qui semblent ne pas trop savoir qu'en faire.

Tentative de suicide, reconduite à la frontière, licenciement, homosexualité, mal-être, doute dominent chacune de ces six existences : mais les personnages, en racontant chacun sa propre histoire, en la fondant "démocratiquement " et harmonieusement - malgré des situations difficiles - dans celle des autres, donnent à ce qu'on pourrait prendre pour un fourre-tout des petites et grandes misères contemporaines, une dimension toute particulière. S'il n'était déjà pris - et pas forcément bien utilisé - le titre du film aurait pu être "L'humanité".

A ce sujet, et malgré de trompeuses apparences, Nos vies heureuses n'a rien d'un euphémisme, puisque le bonheur consiste ici à parvenir à affronter la réalité, quelle qu'elle soit : chacun - presque chacun -y trouvera son chemin personnel et fragile. Réalisation réussie, mise en scène fluide et interprétations parfaites figurent au générique de ce premier et excellent film.

Marie-Jo Astic

2h25 - Our Happy Lives (Europe: English title) - scénario & dialogues : Jacques Maillot, Eric Veniard - images : Luc Pages - décor : Valérie Berman - musique : Allie Delfau - montage : Andria Sedlackova - interprètes Marie Payen, Sami Bouajila, Cécile Richard, Jean-Michel Portal, Camille Japy, Eric Bonicatto, Sarah Grappin, Olivier Py, Alain Beigel, Fanny Cottençon. Sortie : septembre 99