Ce film indien produit par les ex-colonisateurs britanniques est une fable sur l'utilisation des masses laborieuses par les partis qui les défendent, ici le Parti communiste du Kerala. Il est interprété par des villageois, devenus comédiens pour la cause. Krishnan est exploité par le potentat local à qui il finit par voler quelques noix de coco ; son arrestation en pleine campagne électorale n'arrange pas son affaire. Il est "opportunément" accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis. Il est alors défendu par le Parti communiste (un portrait de Lénine trône dans le local) qui crie à l'injustice de classe.

La presse publie un article sur l'introduction dans le pays de la première "chaise électronique" offerte par la Banque mondiale et les États-Unis. Ce "cadeau" est susceptible de donner la mort en douceur. Le Parti n'arrive pas à sortir Krishnan de sa prison mais tient à profiter de la situation : un de ses militants entame une grève de la faim pour réclamer l'envoi de cette nouveauté au village... Krishnan en serait la première victime : enfin on parlerait de cette petite communauté ! La chaise est envoyée accompagnée par un ministre et le pauvre paysan meurt... en beauté...

Une statue est édifiée à sa gloire, monument que sa veuve, vêtue d'un sari neuf, portant sac à main vient honorer chaque jour. Elle est d'ailleurs relogée dans une paillote nouvelle et reçoit une pension ! Si la bande-son et les images laissent à désirer, ce film sans prétention est attachant ; l'exécution du paysan est d'ailleurs très drôle et tient du gag, revu et corrigé par le folklore indien : discours, danses, couronnes de fleurs. Une télécommande, manipulée par le ministre, déclenche l'électronique et Krishnan meurt dans une extase. Le public lui a fait un formidable accueil.

André Menguy