A court d'émotions

Espace clos par définition, la cour d'une maison bourgeoise délabrée est une scène providentielle pour observer le jeu trop théâtral des acteurs. L'ambiance est figée : caméra fixe, couleurs douces et lumière tamisée créent une véritable atmosphère d'ennui où le poids du temps est asphyxiant.

Les personnages passent dans le champ, s'y arrêtent, en sortent enfin. Les dialogues sont insignifiants et la seule consolation réside dans les espiègleries d'une bande de gamins du quartier qui semblent à tout prix vouloir déranger le cours immuable du petit monde taciturne des adultes. La cour est un film qui demande un sacrifice :

se laisser prendre par l'intérêt du cinéaste pour les riens de la vie sans en attendre, en compensation, ni émotion, ni action... C'est avant tout un film de genre qui fait peut-être figure d'avant-garde dans le cinéma lituanien, mais...

Nicolas Fine