Vive le foot !

On pensait que toutes les nationalités s'étaient déjà exprimées au Festival de Cannes, mais La coupe, réalisé par un grand maître bouddhiste, est le premier film bhoutanais projeté sur la Croisette. L'histoire se déroule dans un monastère en exil accueillant de jeunes tibétains sur les contreforts de l'Himalaya. Alors que la coupe du monde se déroule en France, ils cherchent, comme tous les "gamins" du monde entier, à assister au match retransmis par la télévision interdite dans le monastère. Le réalisateur Khyentse Norbu, montre ainsi l'ouverture au monde de cette religion et de cette civilisation, supposées plutôt anciennes et réfractaires au changement.

Grand maître spirituel au Tibet, ses propos sont d'autant plus justes quand il décrit à travers des scènes comiques et fraîches la vie monastique de ces jeunes enfants qui ressemblent étrangement par leurs jeux et réactions à celle des petits occidentaux. Mais il aborde aussi par l'utilisation de subtils fondus enchaînés, la perte des repères face à l'envahissement de la société de consommation, comme quand il superpose l'image de la statue d'un bouddha et une bouteille de Coca-Cola. Cette multinationale, symbole de la forme prise par l'économie mondiale, devient bien, petit à petit, le dieu qui nous guide.

Très humblement, le film prend le contre-pied de l'esthétisant et creux Kundun de Martin Scorsese et nous rappelle des valeurs simples, proches de la nature mais en adéquation avec le progrès et la modernité tout en respectant les écrits bouddhistes anciens. Une nouvelle vision de cette religion.

Julien Camy