Judy et David : retrouvailles écliptiques

Dans ce documentaire fictionnel (c'est décidément la grande mode cette année à Cannes), Judy Berlin est sur le point de s'évader de Babylon (Long Island) pour un rêve de gloire vers Hollywood pendant que David Golg, lui, revient brisé de cette Californie où il a cru pouvoir tenter sa chance. Cette journée de retrouvailles va se révéler, pour un groupe d'Américains types, comme un jour décisif : le jour des signes qui gravitent autour de Judy et David mis à nu pendant une longue éclipse du soleil qui plonge la ville dans l'obscurité.

Longue balade dans ce rien qui fait la vie des gens moyens, entre les petites compromissions et les gestes avortés, les décisions que l'on ne prend pas et la vacuité des existences, le film nous emmène vers un peu plus d'humanité, comme si comprendre l'autre ne changeait pas la vie mais permettait de se changer. David qui était amoureux de Judy à l'école va la laisser partir en lui promettant de faire ce film... mais l'on ne verra pas la fin de cette éclipse même si les personnages reprennent leur place dans la grande vie monotone d'une ville américaine.

L'éclipse est malheureusement un phénomène trop rare pour pouvoir influer sur la réalité... Tout au plus nous offre-t-elle cette belle composition mélancolique qui se laisse regarder avec toute la tendresse de quelqu'un qui parle de lui pour aimer les siens.

Jean-Paul Icardi