Haut les curs ! de Sólveig Anspach Quinzaine des Réalisateurs |
Karin Viard : en sursis |
"Tu vois, il t'aura pas embêté longtemps ce bébé !". C'est presque calmement et comme pour se convaincre qu'à quelque chose malheur est bon qu'Emma adresse ces quelques mots à Simon, son compagnon, que la perspective d'une paternité imminente n'enthousiasmait pas particulièrement. Emma vient d'apprendre qu'elle a un cancer au sein et que les traitements lourds qu'elle va devoir subir sont incompatibles avec sa grossesse. Mais c'est pourtant Simon, qui, devant le désarroi d'Emma, va lui conseiller de prendre un autre avis. A l'hôpital de Villejuif, deux médecins lui disent que non, à cinq mois l'enfant est suffisamment formé, elle peut tenter de le garder, mais entre chimio et radiothérapie, ce ne sera pas facile. |
C'est malgré tout pour Emma un moment de joie intense, mais aussi le début d'une guerre qu'elle va mener contre son corps qui l'a trahie. L'été, les couleurs vives et les sonorités de son quartier, laissent place au gris et au froid de l'hiver, à une dégradation physique irrémédiable, face à laquelle le recul et l'humour permettent de ne pas sombrer : il faut pourtant perdre ses forces, ses cheveux, un sein, ne pas voir son enfant le temps de traitements exigeant la quarantaine en milieu stérile. On se surprend alors à penser que c'est "une chance" que cela arrive à Emma/Karin Viard, trop vivante, trop indestructible, magnifique actrice. |
C'est à Sólveig Anspach que c'est arrivé et les détails ne trompent pas sur le vécu d'un être humain en lutte contre la maladie, qui, après la question : "Pourquoi moi ?", se bat : il n'accomplit là aucun acte d'héroïsme, il n'a aucun autre choix Marie-Jo Astic
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1h40 - scénario : Sólveig Anspach, Pierre-Erwan Guillaume - images : Isabelle Razavet, Mathilde Jaffre - décor : Catherine Keller - son : Olivier Mauvezin, Dominique Lancelot - musique : Olivier Manoury, Martin Wheeler - montage : Anne Riegel, Mathieu Blanc - interprètes : Karin Viard, Laurent Lucas, Julien Cottereau, Claire Wauthion, Philippe Duclos, Charlotte Clamens. |