Fever

de
Alex Winter
Quinzaine des Réalisateurs

Fever : psycho-polar

 

Nick, un jeune peintre fauché (interprété pat Henry Thomas, qui fut le petit garçon de E.T.), vit dans un immeuble sordide d'un quartier désolé de Brooklyn. A la suite du meurtre de son propriétaire, un vieil homme arrogant et vulgaire, il suspecte un étrange locataire à l'air démoniaque, tandis que la police soupçonne un Irlandais alcoolique. A moins que... Premier film du comédien et scénariste new-yorkais Alex Winter, Fever est un thriller d'"atmosphère" basé sur l'exploration d'un univers mental et l'histoire est essentiellement axée sur la conscience et les rêves du protagoniste. Si l'intrigue policière est assez convenue (tout spectateur un tant soit peu attentif aura prévu le dénouement après trente minutes de film), c'est qu'elle est reléguée au second plan : le réalisateur préfère en effet se pencher sur la nervosité et le trouble du héros.

L'une des séquences les plus réussies est ainsi celle où Nick semble voir le visage de mort de son propriétaire dans le tableau de l'un de ses élèves, lors d'une vision hallucinatoire. D'autres scènes parviennent à créer une tension importante, sans le recours à des effets grandiloquents (je pense à l'apparition de la vieille femme dans l'escalier). C'est que le cinéaste est bien aidé par son équipe technique : les ingénieurs du son Col Anderson et Frank Mirrone réussissent ainsi un mixage habile, particulièrement pour les scènes se déroulant en nocturne dans l'immeuble. Si Winter a bien retenu les leçons d'Hitchcock, y compris pour l'utilisation de la psychanalyse comme moyen de dénouer une action, c'est à tout un courant du "néo-polar" américain des années 90 qu'il convient de rattacher Fever :

le film s'inscrit en effet dans la lignée de thrillers comme Usual Suspects de Brian Singer ou Barton Fink des frères Coen, voire le fantasmagorique Lost Highway de David Lynch. Il manque toutefois la virtuosité de ces œuvres. Un scénario plus vertigineux, une interprétation plus inspirée et un style plus éblouissant auraient permis à Fever de se hisser à ces sommets. Tel quel, il ne devrait pas décevoir les amateurs de perles noires et l'on attend avec impatience le second film d'Alex Winter.

Gérard Crespo

1h35 - scénario : Alex Winter - images : Joe de Salvo - décor : Mark Ricker - son : Coll Anderson - musique : Joe Delia - montage : Tom Zimny - interprètes : Henri Thomas, David O'Hara, Teri Hatcher, Bill Duke, Remak Ramsey.

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