Chemins dans la nuit, du cinéaste Andreas Kleinert, présenté en programme d'ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs, n'a pas laissé indifférents les festivaliers. Cette œuvre d'une noirceur extrême relate l'existence de Walter, un quinquagénaire berlinois au chômage, décidé à donner un sens à sa vie. Souhaitant se faire le défenseur du "bien", quitte à recourir à la violence, il essaiera d'imposer la loi et l'ordre. A l'aide de deux jeunes criminels de la nouvelle génération (Henriette Heinze et Dirk Borchardt, deux révélations), il mènera des expéditions nocturnes.

Le scénario du film, qui s'efforce d'évoquer un aspect important de la situation actuelle en Allemagne de l'Est, laisse une impression d'atmosphère lugubre et déprimante, qui est accentuée par la mise en scène : le recours au noir et blanc apporte certes à l'œuvre une stylisation indispensable, mais conforte le sentiment d'austérité et de mélancolie. Les meilleures scènes du film sont celles qui se déroulent dans le métro et les terrains vagues. L'ambiance glauque et oppressante et la tension sont très bien rendues et culminent avec la scène du passager éjecté du compartiment.

Le dénouement est plus convenu, mais reste en conformité avec le pessimisme et la mélancolie qui imprègnent le film. On l'aura compris : Chemins dans la nuit n'est pas une œuvre séduisante au premier abord, mais ses images sombres restent gravées dans nos esprits.

Gérard Crespo