Beautiful People de Jasmin Dizdar Sélection Officielle Un Certain Regard Prix Fondation GAN |
Faux semblants |
Dieu que la guerre est jolie !!! NON, on reprend : Comme la guerre est sordide, comme elle est stupide, horrible, monstrueuse... On peut le démontrer de tant de façons... mais le parti pris de Jasmin Dizdar, Bosniaque, vivant en Angleterre, est doublement original. Tout d'abord il évacue pratiquement les scènes de guerre pour les concentrer en une séquence horrifique, unique, mais ô combien expressive. Ensuite, parce qu'il va la vider de son sens en faisant se télescoper serbe, croate et bosniaque en un joyeux melting-pot londonien. C'est le non-sens et le rire qui supportent l'ensemble du film et portent un message vibrant d'amour et d'amitié. Quatre familles bien archétypées (le médecin divorcé, le jeune anglais drogué et hooligan, la fille de grand bourgeois et le reporter BBC de guerre) vont croiser la route de réfugiés dans un hymne à la différence et à sa richesse ; |
elles en sortiront bonifiées, apaisées. Tous vont trouver leur voie et le bien envahit le film comme une tache d'huile, comme l'humour communicatif que le réalisateur instille dans chaque scène et qui secoue la salle de rires en cascade. Rarement j'ai entendu un rire aussi sain, aussi franc, sur un support aussi dramatique. C'était un exercice ô combien périlleux, et Dizdar, de l'intérieur de ses deux cultures, peut passer de l'épuration ethnique au comique le plus absolu sans jamais laisser traîner la moindre ambiguïté : il s'agit bien de paix et d'amour et le rire n'est que le vecteur d'un message universel sur l'incompréhension du monde et les mécanismes si pervers qui mènent à l'horreur. La "bête est toujours vivante" mais ce film, décidément, lui fait plus de mal que nombre de pensums que l'on nous a infligés ces derniers temps. |
Hélas cela reste du cinéma et depuis le drame bosniaque... les événements du Kosovo nous montrent que le septième art doit produire encore beaucoup de films de ce genre afin que cesse la folie des hommes. Jean-Paul Icardi
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1h47 - scénario
& dialogues : Jasmin Dizdar - images : Barry Ackroyd - décor : Jon
Henson - musique : Garry Bel, Ghostland - montage : Justin Krish - interprètes
: Charlotte Coleman, Charles Kay, Rosalind Ayres, Roger Sloman, Heather
Tobias, Danny Nussbaum, Siobhan Redmond, Gilbert Martin, Steve Sweeney...
Sortie : août 99 |