Agnes Browne

d'Angelica Huston
Quinzaine des Réalisateurs

Angelica Huston est Agnès, mère Courage irlandaise

 

Quand Brendan O'Caroll écrit et publie en 94, The Mammy, se doute-t-il de la fulgurance de son succès : vingt semaines en tête des ventes sur le territoire irlandais ? Pas vraiment, tout comme il ne peut se douter que la grande Anjelica Huston en fera un film quatre ans plus tard. Après Bastard out of Carolina, Anjelica, à la demande du producteur, Jim Sheridan (Au nom du père), s'est plongée avec amour dans l'Irlande de son enfance pour son Agnès Browne. Elle s'est souvenue de sa nounou, "une femme très fière avec un coeur en or", elle a discuté avec les femmes de Moore Street à Dublin, lieu où se déroule l'action, elle s'est investie dans la production et enfin a tenu à jouer le rôle titre ; son total investissement se ressent à l'écran, elle rayonne par son dynamisme, son humour et son courage. Agnès Browne a sept enfants, un mari à enterrer, des usuriers intraitables et sa vie à gérer.

Cette situation pourrait appeler un traitement social désespérant ou complaisant mais Anjelica Huston est la digne fille de son père John. Chaque événement tragique est détourné par un humour typiquement "irish" et la croix celtique qui ne la quitte jamais l'aide à surmonter les épreuves. Entourée de ses sept lardons, elle essaie de croire à nouveau à sa chance en lorgnant, avec sa copine Marion, sur un boulanger français très épris d'elle. Cette chronique située en 1967 dans le quartier marchand de Dublin, le Jarro, déborde d'humanité dans le sens le plus noble du terme. La musique, les chants rythment ces tranches de vie irlandaise, de ses femmes courage à l'image d'un autre film produit par Jim Sheridan et réalisé par Terry George, Some Mother's Son, sur la grève de la faim de Bobby Sands.

L'Irlande ne serait pas ce qu'elle est sans ses femmes habituées aux souffrances et à la haine. Parfois, le temps s'arrête pour qu'un rêve se réalise, celui d'Agnès par exemple, lorsque Tom Jones lui rend visite. Alors le monde peut s'écrouler, elle aura eu son quart d'heure de gloire. Anjelica, "She's a Lady"...

Pascal Gaymard

1h31 - scénario : Brendan O'Carroll, John Goldsmith d'après The Mammy de Brendan O'Carroll - images : Tony Richmond - décor : David Brockhurst - son : Peter Austin - musique : Paddy Moloney - montage : Eva Gardos - interprètes : Angelica Huston, Marion O'Dwyer, Arno Chevrier, Tom Jones.

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