« Seule la vérité est révolutionnaire.»

L’histoire de la lutte contre l’apartheid ne retient qu’un seul homme : Nelson Mandela. Il aurait eu cent ans en 2018. Il s’est révélé au cours d’un procès historique qui s’est tenu en 1963 et 1964. Mais Mandela n’était pas seul : sept co-accusés ont été condamnés avec lui, au bagne à perpétuité. Tous risquaient la pendaison. Au péril de leur vie, ils ont choisi de transformer leur procès en tribune politique contre le régime ségrégationniste. Aujourd’hui, les archives sonores des audiences, récemment exhumées, nous permettent de revivre leur combat… Le procès avait fait l’objet d’un enregistrement sur un support vinyle, abîmé avec le temps mais dont le son a pu être restauré grâce à un archéophone, machine permettant de numériser les dictabelts sans les endommager. Fruit d’une collaboration entre la France et l’Afrique du Sud, le film de Nicolas Champeaux et Gilles Porte est un document exceptionnel sur ces 256 heures d’audience qui ont transformé une affaire criminelle en procès politique. On est frappé par l’argumentation des accusés, dont Nelson Mandela et Ahmed Kathrada, qui ne se laissent pas démonter face à un procureur zélé et déterminé. L’absurdité juridique et institutionnelle du régime de l’apartheid est très vite mise en avant, ce qui n’empêche pas l’émotion d’apparaître quand Kathrada raconte à la barre son voyage en Europe et son premier café en terrasse.