Un grand voyage vers la nuit |
Le plus beau film de Cannes |
Puis, alors que sa quête n’aboutit pas vraiment, il atterrit dans une salle de cinéma de quartier où il revêt des lunettes 3D (le spectateur lui aussi avait été invité dès le générique à faire de même : « Ceci n’est pas un film en 3D, mais veuillez suivre notre héros pour savoir quand mettre vos lunettes »). Cette étape marque le début d’un voyage sidérant et fantasmagorique (la deuxième partie du film), filmé en un plan-séquence de près d’une heure en trois dimensions. Le personnage principal s’échappe de son passé, vit une nouvelle histoire d’amour éphémère, et fait des rencontres étranges dans les ruelles d’un village qu’il arpente de long en large. Loin d’être un simple artifice de mise en scène vain et prétentieux (comme souvent avec la 3D), ce procédé permet à Bi Gan de plonger son film dans une atmosphère onirique, abstraite et tout simplement magique. Le spectateur ne peut être que fasciné par ce qu’il voit, ce qu’il ressent, même si, sans aucun doute, une deuxième vision sera nécessaire pour encore mieux l’apprécier à sa juste valeur. Tout au long de ce périple, on pense au cinéma mystérieux de David Lynch (surtout pour la première heure) mais aussi à celui du maître Hou Hsiao-hsien (dont le dernier long métrage, The Assassin, avait été récompensé à Cannes en 2015). Dommage que ce Grand voyage vers la nuit, qui n’a pas été récompensé par le jury d’Un Certain regard, n’ait pas eu les faveurs de la sélection en compétition officielle, il y avait toute sa place. Xavier Affre
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1h50 - Chine, France - Scénario : BI Gan - Interprétation : TANG Wei, Sylvia CHANG, HUANG Jue. |