Paparazzi
de Jacques Rozier
Sélection officielle
Cannes Classics






Et Dieu créa les people...

En mai 1963, Brigitte Bardot tournait en Italie Le Mépris, sous la direction de Jean-Luc Godard, d'après le roman d'Alberto Moravia. Parallèlement au Mépris, un autre film fut tourné, qui raconte la guerre froide que se livraient à Capri, Brigitte Bardot et trois Paparazzi…
Federico Fellini avait immortalisé ce corps de métier dans La Dolce vita. Jacques Rozier, figure emblématique de la Nouvelle Vague (Adieu Philippine), enfonce le clou en piégeant les piégeurs sur le tournage du condisciple Godard, celui d’À bout de souffle et de Pierrot le Fou, alors à l’apogée de son inspiration créatrice. Icône médiatique et sociétale, Brigitte Bardot qui avait quelques années auparavant fauché à Martine Carol sa couronne de sex-symbol du cinéma français, et par ailleurs actrice inspirée (La Vérité de Clouzot), est ici filmée comme la déesse de Capri, faisant la moue entre deux prises de vue, et dont le corps livré à la meute des photographes, officiels ou clandestins, est l’objet de toutes les convoitises et transactions.

Un montage au vitriol révèle que la star la plus photographiée du monde dans les années 60 n’en demeure pas moins une femme piégée et manipulée. Plus que par sa leçon de morale dénonçant les limites de procédés de journalisme dignes de comportements de charognards, le court-métrage séduit par son ton sixties, son humour décalé, son découpage subtil, et son aptitude à saisir l’air du temps. Il suscite surtout l’envie de (re)découvrir la liberté de filmer du futur auteur de Du côté d’Orouët et Maine Océan. Notons que Cannes Classics propose une restauration de ce court-métrage l’année où est projeté en sélection officielle Le Redoutable de Michel Hazanavicius, d’après le roman d’Anne Wiazemsky, et qui relate les années Mao de Godard…

Gérard Crespo



 

 


1963 - 18mn - France - Scénario : Jacques ROZIER - Voix : Michel PICCOLI, Jean LESCOT, David TONELLI.

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