Good Time
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Dans les bas-fonds de Brooklyn Connie Nikas (Robert Pattinson), membre de la communauté grecque new-yorkaise, souhaite faire découvrir la vraie vie à son frère Nick, handicapé mental. Cela passe par un braquage dans une banque qui tourne mal. Alors que Connie arrive à s'enfuir, Nick est arrêté. Ne parvenant pas à réunir la caution pour le libérer, Nick choisit l'option de le faire évader. Commence alors une nuit déjantée dans les bas-fonds de Brooklyn... Les frères Safdie s'étaient fait remarquer avec Lenny and the Kids et surtout Mad Love in New York, qui se déroulaient déjà dans le même cadre spatial. Le récit se présente sous la forme d'un double buddy movie sous adrénaline, la volonté de sortir Nick de prison amenant une suite de quiproquos qui ne seront pas de tout repos, et ce aux quatre coins de la ville : une ambulance qui ne transporte pas le bon blessé, un parc d'attraction qui cache un produit objet de toutes les convoitises, une négociation difficile avec un dealer. Au détour des péripéties, on croisera Jennifer Jason Leigh hystérique comme à son habitude, une Lolita lointain écho à la Jodie Foster de Taxi Driver, et toute une galerie de losers pathétiques, marginaux et déshérités, exclus de l'american way of life, tout droit sortis d'une bande des Coen Brothers. Good Time est un objet sympathique et brillant, même s'il se contente souvent d'appliquer les recettes d'un certain cinéma américain indépendant. |
Le scénario est bien plus qu'un pitch malin, et il est indiscutable que les Safdie ont un sens du montage et l'aptitude à créer une ambiance nocturne. Et s'ils se réfèrent à des modèles supérieurs, ils ne se contentent pas du plagiat. « Nous sommes obsédés par les personnages qui vivent dans le moment présent, notre ennemi, est le temps. Et le présent existe hors du temps. Nos personnages ne savent jamais à l’avance ce qui va se passer le lendemain, ou même dans l’heure qui vient. Ce sont des gens qu’on oublie, qu’on ne voit même pas, à tel point qu’ils se fondent dans le décor en une fraction de seconde et c’est ce qui les rend beaux et fascinants ». Ces propos de Josh Safdie sont en adéquation avec la capacité des cinéastes à créer une tension en respectant l'unité de temps, mais aussi d'action et de lieu. Et c'est à un véritable « opéra de la rue », à la fois glauque et clinquant, qu'il semblent nous convier. On regrettera toutefois une partition musicale et une bande-son assourdissantes (pourtant récompensées d'un « Cannes Soundtrack Award »), ainsi qu'une tendance au tape-à-l’œil publicitaire dans certaines séquences. Mais même avec ces défauts, Good Time est un agréable divertissement et confirme le talent dramatique d'un Robert Pattinson qui après ses compositions pour Cronenberg (Cosmopolis, Maps to the Stars) réussit définitivement à casser son image de gravure de mode. Gérard Crespo
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1h39 - États-Unis - Scénario : Ronald BRONSTEIN, Josh SAFDIE - Interprétation : Robert PATTINSON, Ben SAFDIE, Jennifer JASON LEIGH, Barkhad ABDI, Buddy DURESS, Taliah WEBSTER. |