In the Fade
|
Les enragés La vie de Katja s’effondre lorsque son mari et son fils meurent dans un attentat à la bombe. Après le deuil et l’injustice, viendra le temps de la vengeance. |
L’intelligence du scénario est d’ailleurs d’avoir fait du personnage du mari un ancien délinquant turc, certes réintégré, mais dont l’activité cache peut-être des zones d’ombre. Quant à Katja, l’épouse et mère effondrée, le cinéaste lui a donné les traits d’une « blonde aryenne aux yeux bleus » selon ses propres termes, comme pour exorciser certains démons et prendre acte du brassage culturel qui caractérise désormais la plupart des pays. Le récit, co-écrit avec Hark Bohm, ex-collaborateur de Fassbinder, est découpé en trois chapitres qui permettent de suivre le cheminement de Katja, du bonheur insouciant au désir de vengeance, avec un dernier volet intense, oscillant entre le thriller et la tragédie grecque. Le film séduit par son écriture fluide, sa mise en scène classique et sobre sans être académique, même si Akin se permet quelques coquetteries stylistiques, comme cette pluie permanente, rappelant l’atmosphère du film noir aussi bien que certains polars coréens (The Murderer de Na Hong-ji). L’utilisation de la musique du groupe de rock américain Queen of the Stone, loin d’être une caution de modernité, donne une dimension lyrique que n’aurait pas désavouée Bernard Herrmann. Il faut enfin souligner le jeu impressionnant de Diane Kruger, dans un rôle qui aurait pu conduire à bien des excès, et qui offre ici sa meilleure interprétation. Au final, In the Fade est l’un des meilleurs films de son auteur et devrait élargir son audience.
|
1h40 - Allemagne, France - Scénario : Fatih AKIN, Hark NOHM - Interprétation : Diane KRUGER, Denis MOSCHITTO, Numan ACAR, Ullrich TUKUR. |