The Murderer |
La quintessence du thriller coréen The Murderer est le premier film coréen coproduit par un grand studio hollywoodien. « Dès qu'on a découvert The Chaser, on a compris qu'il ne fallait pas perdre de vue son réalisateur et on s'est dit qu'on voulait cofinancer son prochain film », indique le président de Fox International Productions. Loin d'y perdre son âme, à l'instar de nombre de cinéastes asiatiques se frottant à l'industrie hollywoodienne, Na Hong-jin réalise une œuvre d'une efficacité narrative et d'une puissance visuelle impressionnantes. Fidèle à ses deux comédiens de The Chaser, le cinéaste donne à Ha Jung-woo, acteur instinctif, le rôle d'un chauffeur de taxi menant une existence misérable à Yanji, ville chinoise coincée entre la Corée du Nord et la Russie, et qui est sans nouvelles de son épouse, partie chercher du travail en Corée du Sud. Un parrain local, interprété par les très « Actor's Studio » Kim Yun-seok, lui propose alors de l'aider à condition qu'il se transforme en tueur à gages. Mais le contrat tourne au cauchemar... The Murderer comporte certes des séquences « à faire », attendues par le public et qui ne devraient pas le décevoir, à commencer par une mémorable course-poursuite qui a nécessité de neutraliser la circulation sur des kilomètres de routes en plein centre-ville et d'utiliser une cinquantaine de voitures. |
Le résultat est à la hauteur des attentes... Une autre scène de tuerie dans un bureau fera date, par l'agencement subtil de quiproquos et d'un suspense porté à son paroxysme. Mais l'essentiel est ailleurs : dans ces digressions à la limite du documentaire social, qui voit Na Hong-jin adapter la démarche des petits et grands maîtres de la Warner des années 30 (les Curtiz, LeRoy, Hawks...) ; dans ce découpage en plusieurs chapitres, permettant de multiplier les points de vue, avec des trouvailles subtiles, dont la moindre n'est pas ce train en marche au début de chaque chapitre et trouvant une résonance avec l'épilogue sur l'épouse ; dans ces gags burlesques atténuant les invraisemblances et excès de tension, tout en épinglant les incompétences des forces de police ; dans cette utilisation de décors symboliques, à commencer par cette chambre d'hôtel avec murs moisis qui reflète l'état d'âme du protagoniste. Gérard Crespo |
2h20 - Corée du Sud - Scénario : WON-CHAN Hong - Interprétation : Yun-seaok KIM, Jung-woo HA, JO Seong-Ha. |