Coby |
La confusion des genres |
Le film manifeste ici la même subtilité que They d’Anahita Ghazvinizadeh (en moins arty), et tranche avec certaines fictions doloristes dramatisant à l'excès la thématique transgenre. « J’ai voulu filmer un état. Et essayer de montrer ce qui le constitue. Comment il se construit. Et comment cette famille en est arrivée là. Et pour cela, il fallait se débarrasser du diktat qu’un personnage doit souffrir pour changer et que le spectateur doit ressentir sa souffrance. On la perçoit dans ce moment où notre mère reprend son souffle avant de finir sa phrase. Une pause qui nous fait comprendre combien cela lui a coûté d’accepter que sa fille devienne un garçon », a déclaré le cinéaste. Le second personnage essentiel du documentaire est donc bien cette mère bienveillante et tolérante, ou qui essaie de s'en persuader devant la caméra, mais dont on comprend les fêlures compte tenu de son passé : le regard que pose sur elle le cinéaste a ici de troublantes similitudes avec la démarche d’Eric Caravaca dans le touchant Carré 35. Pour autant, Christian Sonderegger est davantage en retrait (aucune voix off ni apparition à l’écran) : une chaise vide perçue à l’occasion d’un repas de famille filmé en plan-séquence révèle la distance qu’il a prise avec les protagonistes, en dépit de l’amour sincère qu’il leur porte. Modeste dans sa forme mais témoignant d’une rigueur de mise en scène (le choix des plans larges pour la discussion entre Sarah et Coby, le décor étant aussi important que le couple), passionnant dans son discours sur l’identité de genre, d’un propos humaniste sans être pamphlétaire, Coby est un documentaire indispensable dont on ressort grandi. Gérard Crespo
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1h17 - France - Documentaire - Production : CIAOFILM, WILLOW FILM - Distribution : ÉPICENTRE FILMS. |