Les Chariots de feu
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Les dieux du stade Les Chariots de feu se base sur l’histoire vraie de deux athlètes britanniques qui ont participé aux Jeux olympiques d’été à Paris en 1924. Harold Abrahams (Ben Cross), anglais et de confession juive, surpasse l’antisémitisme et les préjugés sociaux afin de pouvoir affronter « L’Écossais volant » Eric Liddel (Ian Charleson), dans la course du cent mètres... Succès mondial couronné par quatre Oscars dont celui du meilleur film, Les Chariots de feu a été porté par son producteur, David Puttman, qui avait souhaité à la fin des années 70 redorer le blason commercial d'un cinéma anglais de qualité, incarné naguère par David Lean ou Carol Reed, et qui traversait alors un trou d'air. Après Alan Parker (Bugsy Malone, Midnight Express) et Ridley Scott (Les Duellistes, Alien), ce fut au tour de Hugh Hudson de piloter ce renouveau. Financé en partie par Hollywood, le film disposa d'un budget conséquent et d'un casting mêlant jeunes acteurs et shakespeariens chevronnés (John Gielgud, Nigel Davenport). Le scénario de Colin Welland met en avant des valeurs humanistes universelles de tolérance et d'antiracisme, tout en trouvant avec le culte de la performance et du dépassement de soi une convergence avec l'idéologie thatchérienne qui imprégnait le Royaume-Uni depuis 1979. Au-delà du combat de l'Anglais juif et de l'Écossais catholique, la nation britannique s'en trouvait par ailleurs glorifiée et, partant, le concept même de nation. Il va sans dire que Les Chariots de feu offre ainsi une vision à la fois consensuelle et équivoque, souhaitant ne ménager aucune susceptibilité, et se gardant bien d'établir un parallèle avec les conflits ethniques ou religieux qui ont pu secouer le Royaume-Uni des années 70 et 80, de la question irlandaise aux revendications des minorités indiennes et pakistanaises. |
Il n'empêche que le cheminement tant spirituel que sportif de Abrahams et Liddel est traité avec subtilité, de même que leurs rapports avec les dirigeants universitaires et sportifs, passant de la condescendance et de la méfiance à la volonté de récupération. Le film est classique dans sa forme, et la compétence de l'équipe technique et artistique est indiscutable : on soulignera en particulier la photo de David Watkin (Out of Africa) et le montage de Terry Rawlings (Blade Runner). L'œuvre est restée célèbre par ses séquences sportives, avec ralentis lyriques et musique culte de Vangelis Papathanassiou. D'aucuns reprochèrent ici une tendance du cinéaste à se mouler dans l'esthétique télévisuelle et publicitaire, dont il était issu. Avec le recul, ce qui pouvait paraître comme du maniérisme a aujourd'hui un réel charme. Le prologue et l'épilogue, qui ancrent le film dans l'Angleterre de 1978, a par contre vieilli, par son emphase patriotique et son ton lacrymal. Au final, Les Chariots de feu tient toujours la route, malgré une tendance à l'académisme et un traitement superficiel de son sujet. Trois ans plus tard, Hugh Hudson revisitait un mythe du cinéma avec l'excellent Greystoke, la légende de Tarzan, seigneur des singes. Gérard Crespo
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1981 - 2h05 - Royaume-Uni, États-Unis - Scénario : Colin WELLAND - Interprétation : Nicholas FARRELL, Nigel HAVERS, Ian CHARLESON, Ben CROSS, Daniel GERROLL, Ian HOLM, John GIELGUD, Nigel DAVENPORT, Cheryl CAMPBELL, Alice KRIGE, Brad DAVIS, Yves BENEYTON.. |