Bugsy Malone
Du rififi chez les momes
de Alan Parker
Sélection officielle
Cannes Classics

Cinéma de la Plage







La crème anglaise

À New York en 1929, une guerre fait rage entre deux gangsters, Fat Sam et Dandy Dan. Ce dernier est en possession d'une nouvelle arme mortelle, une mitraillette à crème pâtissière. Bugsy Malone, un mec sympa, tombe amoureux de Blousey Brown, qui chante dans le bar clandestin de Fat Sam. Ses intentions sont interrompues par la séduisante chanteuse Tallulah qui ne veut Bugsy que pour elle. Comment Bugsy peut-il aborder la fille de ses rêves et aider Fat Sam à défendre ses affaires contre Dandy Dan alors que tous les coups sont permis ? Premier long métrage d'Alan Parker, qui avait fait ses armes dans la publicité, Bugsy Malone, affublé d'un horrible titre français, est avant tout un film de cinéphile. Son originalité et son charme résident dans l'hommage, sur un ton parodique, aux films de gangsters et à la comédie musicale des années 30 et 40, tout en faisant interpréter les personnages par des enfants et pré-adolescents. Des règlements de comptes entre bandes aux numéros de cabaret, du parrain menaçant à la pin-up qui veut percer, tous les archétypes des genres sont convoqués. L'on pourra s'amuser à repérer les modèles qui ont inspiré Parker : Scarface de Howard Hawks, The Roaring Twenties de Raoul Walsh, Chercheuses d'or de 1933 de Mervyn LeRoy, ou encore 42e rue de Lloyd Bacon, chorégraphié par Busby Berkeley. On peut même remonter plus loin, la crème pâtissière s'avérant un clin d’œil savoureux au slapstick, popularisé par Mack Sennett, Roscoe Arbuckle, et même Chaplin et Keaton.

Quant aux mauvaises chanteuses ou cantatrices qui défilent pour une audition, comment ne pas y voir la réincarnation de Susan Alexander dans Citizen Kane ou Lina Lamont dans Chantons sous la pluie ? Le jeu est plaisant et l'exercice de style bien aidé par la musique de Paul Williams (Phantom of the Paradise), les costumes de Monica Howe (Distant Voices, Still Lives), et les décors de Geoffrey Kirland (Les Fils de l'homme). Reste le scénario, signé par Parker lui-même, et c'est là que le bât blesse, tant les péripéties pourront vite lasser par leur caractère conventionnel. Et si la débutante Jodie Foster s'en tire avec honneur (la même année que Taxi Driver), les autres child actors en font des tonnes, comme cela a souvent été le cas dans cette tranche d'âge, de Shirley Temple à Salvatore "Toto" Cascio. Dans le registre parodique ou référentiel, il est permis de préférer le méconnu Les Cadavres ne portent pas de costard de Carl Reiner (1982) ou le sous-estimé Cotton Club de Francis Ford Coppola (1984). En fait, l'inspiration musicale sera davantage bénéfique au cinéaste avec Fame et Pink Floyd: The Wall. Ces réserves n'empêchent pas Bugsy Malone d'être un « joli petit film », mineur certes, mais plus sympathique que le redoutable Midnight Express ou le sirupeux Birdy, qui avaient pourtant remporté un plus large succès.

Gérard Crespo



 

 


1976 - 1h33 - Royaume-Uni - Scénario : Alan PARKER - Interprétation : Scott BAIO, Jodie FOSTER, Florrie DUGGER, John CASSIDI, Dexter FLETCHER.

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