La Ballade de Narayama |
Sur les hauteurs de Shinshu |
Comme à son habitude, Imamura sonde l’espèce humaine sans chercher à édulcorer, traquant les instincts dans leurs aspects les plus ordinaires, animaliers, triviaux ou inavouables : le besoin de nourriture, la copulation, mais aussi l’infanticide, le parricide et autres crimes font l’objets de plans brefs, et l’auteur se permet d’incruster des images de reptiles qui mangent des grenouilles, ou de mantes religieuses leurs mâles. Comme si un regard d’entomologiste était élargi à l’ensemble du microcosme rural observé. Il faut aussi souligner le travail remarquable de trois directeurs de la photo dont Shigeru Komatusubara, qui restera fidèle au cinéaste avec L’Anguille, Kanzo sensei et De l’eau tiède sous un pont rouge. Ses compositions picturales contribuent à magnifier la montagne de Narayama, sur laquelle Tatsuhei, portant sa mère sur le dos, la conduira sur la voie de l’ultime délivrance. Cette dernière partie du film est la seule où une émotion commence à surgir. La sérénité mystique qui imprègne l’écran n’empêche pas le cinéaste d’offrir des images semblant sortir d’un film d’horreur : le lieu de repos et de recueillement est aussi celui où des vautours s’attaquent aux cadavres en décomposition de vieillards en paix avec eux-mêmes… Palme d’or au Festival de Cannes en 1983, La Ballade de Narayama devait consacrer un auteur important du cinéma japonais, et élargir son audience.
|
1983 - 2h13 - Japon - Scénario : Shohei IMAMURA, d'après les nouvelles "Tohoku no Zummutachi" et "Étude à propos des chansons de Naryama" de Shichirô Fukazawa - Interprétation : Ken OGATA, Sumiko SAKAMOTO, Aki TAKEJO, Tonpei HIDARI. |