Rendez-vous de juillet
de Jacques Becker
Sélection officielle
Cannes Classics







« Que reste-t-il de nos amours ? »

Juillet 1949. Les problèmes amoureux et les aspirations professionnelles d'une bande de jeunes, entre la préparation d'une expédition africaine, les répétitions théâtrales et les soirées dans les cabarets de la capitale... Ancien assistant de Jean Renoir, Jacques Becker avait déjà réalisé quatre long métrages lorsqu'il s'attela à cette chronique de la jeunesse d'après-guerre, inspirée de la vie de son fils et de ses amis. Prix Louis Delluc, cette œuvre tournée sans stars mais avec une poignée de futures vedettes de l'écran s'imposa par son authenticité, sa fraîcheur, et l'acuité du regard porté sur une tranche d'âge. Comme souvent chez l'auteur de Casque d'or, le scénario (coécrit ici avec Maurice Griffe) est assez ténu et compte moins que les variations sentimentales autour des personnages. Ceux de Rendez-vous de Juillet sont croqués avec un souci de vérité qui donne au film une tournure semi-documentaire : la préparation d'un voyage ethnographique, le déroulement des cours d'art dramatique ou les virées animées dans les clubs de Saint-Germain-des-Prés sont soit inspirés de faits réels, soit tournés à la manière d'un reportage. Bien sûr, l'ancrage social est manifeste, et la jeunesse dépeinte ici est celle de la petite bourgeoisie parisienne, que Becker observe avec la même rigueur que le paysannerie de Goupi Mains Rouges ou la population carcérale dans Le Trou.

Pour autant, c'est toute une génération qui s'est identifiée à Lucien, Brigitte, Thérèse, Roger et les autres, et le souci de réalisme de l'auteur ne nuit pas à la force romanesque du film, rythmé comme un air de jazz, tantôt endiablé, tantôt mélancolique. Rendez-vous de Juillet est aussi un maillon dans une série de films (un par décennie environ) qui établit les idéaux et le mal-être d'une génération, à l'image de Entrée des artistes (Marc Allégret, 1938), Masculin féminin (Jean-Luc Godard, 1966) ou Les Nuits fauves (Cyril Collard, 1992), dans des registres certes différents. La distribution de ces Rendez-vous met en avant des comédiens chevronnés (Louis Seigner, Gaston Modot), qui entourent de jeunes acteurs inspirés : si Brigitte Auber, Pierre Trabaud ou Philippe Mareuil n'ont pas eu la carrière qu'ils méritaient, les excellents Daniel Gélin, Maurice Ronet et Nicole Courcel furent définitivement lancés. Plus de soixante-cinq ans après sa sortie, le charme de Rendez-vous de Juillet opère donc toujours, et pourra même séduire une nouvelle génération de spectateurs, malgré (ou grâce à) son contexte légèrement mais délicieusement désuet. Gaumont en a proposé une restauration 2K, en collaboration avec Éclair pour l'image et L.E. Diapason pour le son.

Gérard Crespo



 

 


1949 - 1h39 - France - Scénario : Jacques BECKER, Maurcie GRIFFE - Interprétation : Daniel GÉLIN, Nicole COURCEL, Brigitte AUBER, Maurice RONET, Pierre TRABAUD, Bernard LAJARRIGE, Louis SEIGNER, Gaston MODOT, Pierre MONDY, Jacques FABBRI, Philippe MAREUIL, Michel BARBEY, Robert LOMBARD, Jean POMMIER, Maria RIQUELME, Annie NOËL, Paul VILLÉ, Paul BARGE, Jean-Louis ALLIBERT, René BERTHIER, Léon BARY, Louisa COLPEYN, Yvonne YMA, Yette LUCAS, Denise PÉRONNE, Colette RÉGIS, Claude LUTER.

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