Loving
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« Loving contre l’État de Virginie » |
Au-delà de son intérêt historique, Loving surprend par la délicatesse de sa trame romanesque. « J’ai été frappé par la simplicité de leur histoire d’amour, d’une grande pureté », a déclaré Jeff Nichols à propos du couple Loving. Un échange de regards ou des bribes de paroles suffisent au cinéaste pour suggérer la passion amoureuse, et Jeff Nichols est alors au carrefour du lyrisme contenu de Douglas Sirk (Tout ce que le ciel permet) et du classicisme sobre de Clint Eastwood (Sur la route de Madison). Le film évite avec intelligence les interminables scènes de procès, qui auraient pu plomber l’œuvre, et préfère se focaliser sur le petit quotidien d’une famille, qu’un cinéaste moins doué aurait sacrifié au montage au nom de l’efficacité narrative. En même temps, le réalisateur est fidèle à ses thèmes : la nature s’avère à la fois rassurante et inquiétante, la paranoïa s’installe dans une société où les plus dangereux ne sont pas ceux que l’on croit, et le spectateur assiste une fois de plus aux déboires d’une famille menacée. La réussite de ce film subtil, étrangement absent du palmarès cannois, doit aussi beaucoup aux collaborateurs du cinéaste, dont son habituel directeur de la photo Adam Stone. L’interprétation est sans failles. Marton Csokas en shérif raciste ou Nick Kroll et Jon Bass en juristes avisés entourent avec talent les deux acteurs principaux : Joel Edgerton, surtout vu dans des blockbusters (Exodus: Gods and Kings), a la force tranquille d’un Ernest Borgnine, quand sa partenaire Ruth Negga irradie l’écran par son jeu émouvant. Gérard Crespo
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2h03 - États-Unis - Scénario : Jeff NICHOLS - Interprétation : Joel EDGERTON, Ruth NEGGA, Michael SHANNON, Nick KROLL, Jon BASS, Marton CSOKAS, Bill CAMP, Ruth WILSON. |