La Terre et l'ombre |
Les limbes d’un espace temps volontairement retranscrit comme interminable
Alfonso est un vieux paysan qui revient au pays pour se porter au chevet de son fils malade. Il retrouve son ancienne maison, où vivent encore celle qui fut sa femme, sa belle-fille et son petit-fils. Il découvre un paysage apocalyptique. Le foyer est cerné par d’immenses plantations de cannes à sucre dont l’exploitation provoque une pluie de cendres continue. 17 ans après avoir abandonné les siens, Alfonso va tenter de retrouver sa place et de sauver sa famille. |
Mais n’est-ce pas là le rythme de l’agonie, le battement de cœur au ralenti d’êtres dans la marge, que l’on a contraint trop longtemps à un abattage surhumain, et qui n’ont plus la force de se battre dans une société de l’exploitation qui semble les assassiner lâchement, après usage, sans même leur donner le droit aux soins médicaux, cette société de l’opulence que l’on imagine sous les traits de cette ville dessinée à l’horizon ? Ses traits urbains sont forcément disgracieux comparés à la beauté du cadre naturel... Le jeune réalisateur, César Acevedo, habile, manipule tous les codes du cinéma languissant sud-américain. On pense à l’aridité d’un cinéma argentin, celui de La Cienaga de Lucrecia Martel, sauf qu’il s’agit d’une œuvre colombienne, et rares sont celles qui ont eu l’occasion de se frayer un chemin jusqu’à Cannes. Les atouts reconnus de La Tierra y la Sombra sont effectivement nombreux. Le principal repose en sa réalisation visionnaire, évocatrice de Tarkovski, référence avouée du cinéaste, avec le plan du cheval qui occupe l’intérieur de la maison, mais aussi du cinéma de Carlos Reygadas, également, qui lui aussi, dans Japon, avait su filmer un monde agricole ou ouvrier farouchement meurtri, avec des plans audacieux, inoubliables... Frédéric Mignard En collaboration avec le site aVoir-aLire
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1h37 - Colombie, Chili, Brésil, France - Scénario : César ACEVEDO - Interprétation : Haimer LEAL, Hilda RUIZ, Edison RAIGOSA. |