Hope |
Les aventuriers Hope est le premier long métrage de fiction de Boris Lojkine, agrégé de philosophie, revenu du Vietnam où il avait réalisé deux documentaires remarqués, Ceux qui restent (2001) et Les Âmes errantes (2005). « Raconter ma vie ou celle des gens de mon milieu ne m'intéresse pas. Cela ne me donne aucun désir de cinéma. J'ai besoin d'aventures, d'un souffle », a déclaré le réalisateur. C'est le continent africain qui a suscité ici son inspiration, Hope se déroulant dans le monde souterrain et communautaire d'immigrés qui remontent le Sahara, en quête de l'Eldorado européen. Léonard est un jeune Camerounais, et il prend sous sa protection Hope, une Nigériane harcelée par un petit groupe d'hommes. Ils vont tenter de faire la route ensemble. Une route semée d'embûches, non pas en raison du cadre géographique, mais de par les conditions matérielles et les relations compliquées et dangereuses avec d'autres migrants. On y parle beaucoup d'argent, de prostitution, de passeports, et la moindre négociation mal engagée peut valoir la menace de représailles sanglantes. Alors qu'ils approchent de Melilla, la ville espagnole située en territoire marocain, les sentiments entre Léonard et Hope évoluent et glissent vers l'amour... Le cinéaste a gardé une tonalité documentaire par le travail réalisé en amont du scénario : enquête de journalistes, récits de migrants, articles d'ethnologues, rapports d'ONG. |
La typologie des personnages révèle un monde peu connu des Occidentaux, à l'image de ces ghettos regroupés par nationalité, commandés par un « chairmain » qui oscille entre les statuts de gourou de tribu et de chef de gang. Le caractère néoréaliste du tournage et de la mise en scène (décors naturels, interprètes non professionnels jouant presque leur propre rôle...) aboutit à un film d'une épure remarquable, dépouillé de tout artifice romanesque. On est loin du misérabilisme racoleur de The Search et autres tire-larmes internationaux. Pourtant, Hope n'est pas sans évoquer, en mode minimaliste, l'épopée de certains westerns ou films d'aventures hollywoodiens. Sans révolutionner le 7e art, c'est un projet de cinéma prometteur, qui culmine avec une impressionnante séquence de vaudou. Il faut aussi souligner le jeu sensible des deux jeunes comédiens, qui pourtant n'avaient aucune expérience d'art dramatique. Production française en association avec plusieurs partenaires dont TV5 Monde et le Fonds Images de la Diversité, Hope confirme la vitalité d'un certain cinéma ayant pour cadre l'Afrique, dans la continuité de Timbuktu et Run, également présentés à Cannes 2014. Gérard Crespo
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1h31 - France - Scénario : Boris LOJKINE - Interprétation : Justin WANG, Endurance NEWTON, Martial Eric ITALIEN. |