Dragon Inn
Long men kezhan
de King Hu
Sélection officielle
Cannes Classics



Sortie en salle : 12 août 2015




L'auberge rouge

Le pouvoir est tombé aux mains des Eunuques. Le ministre Yu qui leur était opposé a été faussement accusé de trahison et mis à mort. Ses enfants sont condamnés à l'exil à un avant-poste frontalier. Mais le cruel Maître des eunuques envoie des assassins pour les tuer au cours de la longue marche vers leur lieu d’exil. Quelques épéistes sont résolus à assurer la protection des jeunes Yu. Assassins et protecteurs se retrouvent tous à l'Auberge du Dragon près de la frontière... Réalisé après L'Hirondelle d'or (1966), qu'il avait tourné à Hong Kong, Dragon Inn est la première production taïwanaise de King Hu. Ce nouveau chef-d'œuvre fait partie de la « trilogie des auberges », clôturée en 1973 par L'Auberge du printemps. En même temps, Dragon Inn anticipe Touch of Zen (1971), sommet d'une filmographie encore trop méconnue. Respectant les codes du wuxia (film de sabre), le cinéaste propose un récit limpide et efficace, teinté d'un humour discret mais réel, sans glisser toutefois vers la parodie. Inspiré aussi bien par la peinture chinoise que la tradition de la littérature épique, King Hu déploie une aisance tant dans la narration (il est l'auteur du scénario) que la mise en scène, et il est épaulé par d'admirables artistes et techniciens dont le directeur de la photo Hua Hui-Ying, le décorateur Chou Chih Liang et le monteur Chen Hung Min.

Les combats sont filmés comme de véritables chorégraphies et le résultat s'avère visuellement splendide, le cinéaste évitant toutefois la virtuosité plastique, préférant la sobriété dans ses mouvements de caméra. Si cette stylisation des scènes d'action a depuis été maintes fois utilisée dans le cinéma asiatique contemporain, il ne faut pas oublier que King Hu en a été le précurseur, et sans doute l'un des auteurs les plus inspirés dans ce domaine. Au-delà de leurs attributs manichéens, les personnages sont très bien croqués et admirablement campés par des acteurs convaincants. Auprès de la troublante Ligfeng Shangguan, le charismatique Chun Shih et l'excellent Bai Ying incarnent deux figures antinomiques de la force et du respect, qui s'affrontent lors d'une dernière séquence mémorable, sans doute l'une des plus réussies du genre. À sa sortie en 1967, le film connut un réel succès à Taïwan, en Corée et aux Philippines. En 1992, Tsui Hark en proposera un bon remake, L'Auberge du dragon (co-réalisé par Raymond Lee), et Tsai Ming-liang rendra un discret hommage à l'œuvre dans Goodbye, Dragon Inn (2003). Restauré en numérique, le film a été projeté à Cannes Classics en 2014. C'est cette version que Carlotta distribue en salles en août 2015.

Gérard Crespo



 

 


1967 - 1h51 - Taïwan - Scénario : King HU - Interprétation : Ligfeng SHANGGUAN, Chun SHIH, Ying BAI, Feng HSU, Chien TSAO, Han HSIEH.

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