Opium |
Le diable au corps On pouvait attendre le pire de cet hommage à Jean Cocteau, parsemé de scènes musicales, venant de la part d'Arielle Dombasle, comédienne subtile pour Rohmer ou Cédric Kahn, mais auteure d'un peu convaincant Les Pyramides bleues, premier long métrage tarabiscoté qu'elle réalisa il y a vingt-cinq ans. La bonne surprise n'en est que plus agréable et l'on est séduit par la modestie et le format du projet (77 minutes), qui tempère une certaine surcharge décorative. La cinéaste et son scénariste Patrick Mimouni évoquent les amours difficiles de Jean Cocteau (Grégoire Colin) pour Raymond Radiguet (Samuel Mercer), filmé ici comme un jeune écrivain opportuniste et inconscient, abusant de la bienveillance du poète et l'initiant aux délices et dangers de l'opium. Le film se veut déstructuré dans sa narration, alternant le souvenir de la première rencontre sur la plage (influence manifeste de Mort à Venise), le traitement médical de Cocteau dans un centre de soins et les apparitions de l'entourage des deux hommes : |
on y croise le romancier Maurice Sachs (Niels Schneider, des Amours imaginaires), ainsi que des aristocrates protectrices, dont la vicomtesse de Noailles (Hélène Filières) et la marquise Casati (Marisa Berenson, plus détendue que dans Barry Lyndon)... On est en pleines Années folles, avec ses querelles entre académiques et avant-gardistes et, au sein de ceux-ci, entre surréalistes et symbolistes... Arielle Dombasle choisit seulement d'effleurer cet aspect, de même qu'elle ne cherche ni le pathos ni la romance gay en filmant les rapports tendus entre deux jeunes gens ivres d'art et de vie. On appréciera les digressions révélant le goût de la réalisatrice pour le chant ainsi que ces discrets hommages à Méliès et bien sûr l'auteur d'Orphée. S'effaçant alors devant la mémoire de l'artiste, le film cite certains de ses écrits en voix off et distille dans ces instants une réelle émotion. Opium a été montré en séance spéciale de la sélection officielle Cannes Classics à l'occasion d'une soirée Cocteau qui a également permis de présenter la version restaurée de La Belle et la Bête. Gérard Crespo
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1h17 - France - Scénario : Arielle DOMBASLE, Patrick MIMOUNI - Interprétation : Grégoire COLIN, Samuel MERCER, Niels SCHNEIDER, Julie DEPARDIEU, Hélène FILLIÈRES, Marisa BERENSON, Arielle DOMBASLE. Anna SIGALEVITCH, Philippe KATERINE, Audrey MARNAY, Elodie NAVARRE. |