La Belle et la Bête
de Jean Cocteau
Sélection officielle
Cannes Classics



Sortie en salle : 25 septembre 2013




« Mais vous êtes un animal... »

Triomphe du cinéma français d'après-guerre, cette adaptation d'un conte est à la fois le plus gros succès de Jean Cocteau, un chef-d'œuvre du symbolisme et, avec Orphée, son film internationalement le plus connu. Il s'agit de son second long métrage en tant que réalisateur, après Le Sang d'un poète (1930). Scénariste et dialoguiste inspiré sous l'Occupation, Jean Cocteau réalise un film culte en narrant le récit d'une belle (la délicate Josette Day), éprise de l'ami de son frère, et qui doit un jour accepter de cohabiter avec une Bête monstrueuse qui l'aimera d'une passion sincère. Après L'Éternel retour, le film confirma le statut de vedette de Jean Marais qui tient ici un triple rôle, l'être aimé Ludovic et le Prince charmant complétant le personnage de la Bête. Jean Cocteau y développe ses thématiques du double et des faux-semblants, et s'avère le maître d'un réalisme magique, dans le digne héritage d'un Méliès : les trucages artisanaux, mais techniquement supérieurs pour l'époque (le gant qui permet de traverser le mur, les fleurs qui s'ouvrent, l'envolée des amants au dénouement), s'avèrent être d'une force poétique majeure.

« Mais vous êtes un animal, la Bête », réplique la Belle à la demande en mariage. On songe à Fay Wray prise en otage par King Kong, à la fois effrayée et subjuguée par une créature hors norme, mais dont le sentiment de compassion l'emporte sur celui de répulsion. La Belle et la Bête est au carrefour du film d'auteur (bien avant que la Nouvelle Vague n'ait eu la prétention d'inaugurer le genre) et d'une mythologie authentiquement populaire, bien servie par les meilleurs artisans du cinéma de l'époque. La photo de Henri Alekan, les costumes de Marcel Escoffier, le maquillage d'Arakelian ou la musique de Georges Auric forment autant de contributions majeures à une œuvre personnelle mais enrichie d'un travail collectif. Il faut aussi souligner la réussite des seconds rôles avec Marcel André en père aimant, Mila Parély en peste divine et Michel Auclair en jeune premier ténébreux. La Belle et la Bête a été présenté à Cannes à l'occasion d'une soirée Jean Cocteau. La copie a été restaurée en numérique par SNC/Groupe M6 et la Cinémathèque française, avec le soutien du Fonds Culturel Franco-Américain.

Gérard Crespo


 

 


1h36 - France - 1946 - Scénario : Jean COCTEAU, d'après le conte de Mme de Beaumont - Interprétation : Jean MARAIS, Josette DAY, Michel AUCLAIR, Mila PARÉLY, Marcel ANDRÉ, Nane GERMON.

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