Né quelque part |
Partir, revenir Farid, jeune Français de 26 ans, doit aller en Algérie pour sauver la maison de son père. Découvrant ce pays où il n'a jamais mis les pieds, il tombe sous le charme d'une galerie de personnages étonnants dont l'humour et la simplicité vont profondément le toucher. Parmi eux, son cousin, un jeune homme vif et débrouillard qui nourrit le rêve de pouvoir rejoindre la France... Ce premier film de Mohamed Hamidi avait comme atout un synopsis prometteur, qui aurait pu narrer avec finesse un cas de déracinement culturel et de déchirement familial, d'autant plus que le cinéma français est longtemps resté frileux avec le thème de la guerre d'Algérie, de ses séquelles et des rapports entre les deux pays. Même si l'époque n'est plus au sujet tabou où à la simple allusion (Les Parapluies de Cherbourg), peu nombreux sont les réalisateurs s'aventurant dans cette thématique. La démarche de Mohamed Hamidi n'en est que plus respectable et le personnage de Farid évoque le protagoniste du récent L'Attentat (Ziad Doueiri, 2012), écartelé dans un conflit qui le dépasse. |
Ignorant tout de la langue arabe, doctorant épris d'une avocate blonde de souche française, Farid va être pris d'un cas de conscience qui l'obligera à se positionner, mais cette piste de scénario semble mal assumée par le réalisateur. Celui-ci préfère se focaliser sur une description maladroite de la bureaucratie algérienne et des magouilles au quotidien (contrebande, trafic de visas), et noie son récit dans un déluge de pathos et d'invraisemblances (les péripéties après le vol de papiers), peu compatibles avec l'approche réaliste du film. On est déçu par le manque de nuances et d'épaisseur des caractères, à l'instar du cousin incarné par un Jamel Debouzze toujours branché au 220 volts, et qui disparaît d'ailleurs au premier tiers du film (sans que l'on soit dans Psychose...). Sur un sujet similaire, L'Autre côté de la mer (Dominique Cabrera, 1997) était bien plus émouvant et juste. Né quelque part déçoit aussi par son style télévisuel, reproche que l'on pouvait aussi adresser à Hors-la-loi de Rachid Bouchareb. Ces défauts sont d'autant plus regrettables que le discours de Mohamed Hamidi est sincère et que son acteur principal, Tewfiq Jallab, s'avère une vraie nature. Gérard Crespo
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1h30 - France - Scénario : Mohamed HAMIDI - Interprétation : Tewfik JALLAB, Jamel DEBBOUZE, Abdelkader SECTEUR. |