La part des anges
The angel's share
de Ken Loach
Sélection officielle
En compétition

Prix du Jury


Sortie en salle : 27 juin 2012




T’es pas culturé

Unanime, la presse a étiqueté « petit Ken Loach » cette délicieuse fable sociale, renouant avec la veine de Kes ou de Sweet Sixteen, qui a valu au champion toutes catégories de participation au Festival de Cannes le prix du jury. Il eut peut-être suffi, pour gagner ses galons de « grand Ken Loach », que le réalisateur ne prît pas délibérément le parti de la comédie. Sans doute, mais la part d’audace, d’originalité, d’imaginaire et de charme émanant de cette Part des anges en eût certainement souffert. À noter que, accent écossais oblige, le film était présenté également sous-titré en anglais !

Au tribunal, les sentences s’égrènent à la chaîne pour des faits de petite et moyenne délinquance et Robert Hemerson, échappant de justesse à la prison, écope de trois cents heures de travaux d’intérêt général, ce qui n’est pas au goût de la famille de la victime gravement molestée par le ci-devant Robbie. Lequel se retrouve sur un chantier de peinture sous la houlette de Harry, éducateur (excellent John Henshaw). Il croise la route d’Albert, le comique de service, de Rhino, « aussi stupide que chanceux », et de Mo, petite voleuse compulsive.

Si Robbie, qui bénéficie de la bonne influence de son amie Léonie et vient tout juste d’être père, a bien décidé de s’en sortir, il sait qu’entre la famille de sa fiancée qui le rejette et le clan des ennemis héréditaires qui lui cherche des noises, la réinsertion sera difficile. C’est Harry qui en le « culturant » ès whisky va finalement lui permettre de trouver le droit chemin, après toutefois quelques zigzags opérés par la bande de pieds nickelés. De la visite de la première distillerie, où est expliqué le sens de la fameuse part des anges, à la prestigieuse distillerie de Balbair aux fins fonds des Highlands, en passant par le week-end dégustation à Edimbourg, on suit avec grand intérêt les progrès accomplis par Robbie en whiskylogie – régulièrement mis à mal par les séquelles de violence héritées de sa vie précédente – les aventures cocasses et toujours sur le fil de la bande des quatre et l’élaboration d’une superbe, malicieuse et dangereuse arnaque au grand cru, à l’occasion de laquelle on remarque la participation exceptionnelle de Roger Allam en collectionneur frelaté.

Mais le héros de l’interprétation, aux côtés de ses trois impeccables potes, c’est Paul Brannigan pour un premier rôle au cinéma contrôlé de main de maître. « Merci de m’avoir donné une chance » pourrait-il dire à Ken Loach, à l’instar du petit mot d’accompagnement de sa part des anges qu’il laisse à Harry.

Un « petit film » réjouissant qui suscite un très grand moment de plaisir.

Marie-José Astic

 

 

 


1h46 - Grande-Bretagne - Scénario : Paul LAVERTY - Interprétation : John HENSHAW, William RUANE, Roger ALLAM.

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