Sweet Sixteen
Ken Loach
Sélection Officielle
Prix du scénario
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Avec Sweet Sixteen, Ken Loach a remporté avec justice le prix du meilleur scénario. La compétition officielle lui avait déjà accordé le prix du jury en 1990 pour Hidden Agenda et en 1993 pour Raining Stones. Loach poursuit ici sa peinture des exclus de la Grande-Bretagne et nous conduit en Ecosse. Une Ecosse bien éloignée des clichés usuels. Liam, un adolescent paumé qui y mène une existence sordide, est prêt à tout pour améliorer le sort de sa sœur, qui a un bébé, et de sa mère, qui va sortir de prison. Pour trouver de l'argent, il n'hésite pas à se lier à un mafieux. De fréquentations douteuses en vengeances impulsives, il entamera le processus de la délinquance et l'engrenage irréversible de la violence. Les rares instants de bien-être (une échappée dans une maison abandonnée au bord de la mer, une crémaillère) ne sont que des moments éphémères, tant la fatalité semble peser sur les personnages. On est loin ici de l'humour ironique décelé à travers la description des adultes de Riff Raff ou de My Name is Joe.

La petite musique de Ken Loach joue une tonalité beaucoup plus mélancolique qui n'est pas sans rappeler Kes, l'une de ses premières œuvres qui relatait déjà les désillusions de la jeunesse. Toute la justesse et la force de Sweet Sixteen résident dans le dosage équilibré d'analyse sociale et de narration d'une destinée individuelle, sans que jamais l'auteur ne verse dans le moindre pathos : le jeune protagoniste est ainsi plus proche de l'Antoine Doinel des 400 coups que de Billy Elliot. Et si le scénario pouvait laisser craindre un matériau stéréotypé (le beau-père cruel, le copain qui vit dans un squat de drogués), il n'en est rien tant la sobriété du style transcende les conventions. Avec All or Nothing de Mike Leigh (qui aurait lui aussi mérité un prix), cette œuvre humaniste et généreuse confirme la vitalité du cinéma anglais et devrait trouver un large public.

Gérard Crespo


1h46 - Grande Bretagne - Scénario et dialogues : Paul Laverty - Images : Barry Ackroyd - Musique : George Fenton - Montage : Jonathan Morris - Décors : Martin Johnson - Interprètes : Martin Compston (Liam), William Ruane (Pinball), Annmarie Fulton (Chantelle), Michelle Abercromby (Suzanne).

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