The Slut
Hanotenet
de Hagar Ben Asher
Semaine internationale de la critique







L'indomptable liberté de l'être

The Slut, un titre osé de la part de la jeune réalisatrice moderne, Hagar Ben Asher, d'origine israélienne. Dans son film, elle retrace la vie de Tamar, mère de deux petites filles, incapable de combiner ses pulsions sexuelles et l'éducation de ses enfants. Shaï, un ancien ami désormais vétérinaire risque de bouleverser ses tendances libertines...

Le film nous plonge dès le début dans l'univers animalier avec la présence marquée du cheval. En effet les animaux sont ici omniprésents. Le vétérinaire soigne tout au long du film un étalon et des chiens, alors que Tamar élève des animaux de la ferme, plus particulièrement des poules. Tous deux ressentent le besoin de prendre soin d'êtres vivants. Et comme un animal blessé, Tamar a besoin qu'on prenne soin d'elle. Ainsi l'homme est finalement défini comme un animal, ceci pourrait expliquer le manque de dialogue comblé par le regard.

Seulement, peut-on enfermer et domestiquer un animal sauvage, cette femme à la crinière de lionne, la privant ainsi de liberté ? En effet, Tamar aime le sexe, c'est une femme libre. C'est pourquoi lorsqu'un véritable amour se présente à elle, celle-ci est effrayée à l'idée de tomber amoureuse et vit mal sa relation de couple avec Shaï. Ce comportement de la part d'une mère risque-t-il de déteindre dans l'éducation de ses propres enfants ?

En jetant un regard étranger, gênant, voyeur depuis la fenêtre, on voit cette femme enfermée dans un monde qui n'est pas le sien. Mais malgré cela, Tamar aime Shaï. C'est pourquoi elle le laisse s'occuper d'elle et de ses filles, ne pouvant assumer son rôle de mère.

Ce film est donc innovant et ouvert de par cette perception de la femme, sexuellement libre, qu'on ne juge pas. Seulement comme dans Respiro, film d'Emanuele Crialese, la femme libre, indomptable et fatale n'est pas acceptée. Et c'est comme si elle provoquait son propre malheur, cette fin redoutée et suggérée avec autant d'horreur que de douceur...

Laureline Marsault
Lucie Thumerelle

Lycée Savary de Mauléon des Sables d'Olonne


On a vu vos corps, montrez vos âmes

Si Tamar vous demande de réparer sa bicyclette, il se pourrait que vous passiez une très bonne soirée… En effet, à l’image du film de Hagar Ben Asher, la jeune femme, mère de deux fillettes, jouée par la réalisatrice elle-même, est tout à fait libérée, du moins sexuellement. Libérée ou plutôt, sans limites et cadre prédéfini. Jusqu’à ce qu’apparaisse Shai, jeune vétérinaire, et son amour pour la libertine. A l’image de ce cheval galopant, qui ouvre le film, libre, puis soudain arrêté dans sa fougue, embouti par une voiture, Tamar semble démarrer avec cet homme plus sage, une aventure moins fougueuse, plus humaine. Elle sera de courte durée. Ainsi, le film est une succession de petites scènes quotidiennes, inabouties, inégales. Authentique, sans pudeur, ni vulgarité, l’étrange tableau, tout comme ses personnages, ne laisse pourtant au spectateur qu’un rôle de voyeur qui devra donner sens et forme à cet ensemble décousu. Il est un mélange d’étrange, reposant, confortant dans sa spontanéité et sa quotidienneté et à la fois, gênant, choquant, brutal par son réalisme sonore, fait de gravier, de métal, de bruits d’animaux et de vent, qui semble parfois prolonger la parole des personnages, plutôt avares de paroles et son esthétisme terne, qui participe au pessimisme de l’image.

Et ce parti-pris nous éloigne encore davantage des personnages. Cet espace israélien vide, comme abandonné et sans éclat, la luminosité terne, les personnages figés dans cette platitude du cadre, qui semblent eux-aussi dénués d’émotions, de perspectives et de futur. Il est difficile de pénétrer véritablement ces personnages et donc de s’y identifier. Le spectateur est tenté de rester neutre, sans avis, sans attirance, et sans empathie pour ces personnages dont la VERITABLE intimité nous est cachée.

Et ces personnages, dont les relations et le déséquilibre n’en finissent pas de heurter la bienséance habituelle, finissent par laisser leur public dans une situation étrange, dans un malaise d’autant plus gênant qu’ils ne se l’expliquent pas. Ce quotidien exposé sans pudeur et sans cadre va pourtant bousculer le spectateur en sous-entendant l’abus sexuel de Shai sur une des deux fillettes. L’absence de limites, la tolérance, la liberté éclatent en un instant dans l’esprit du spectateur. A défaut de nous donner le goût de la liberté, le film enferme dans un malaise, un questionnement sans début, ni fin, inexplicable, inexorable.

Audrey Yaker
Lycée Clémenceau de Nantes


Sex machine ?

Tamar, mère de deux fillettes et avant tout femme à la sexualité débridée soulage régulièrement les hommes de son village. Cependant lorsqu’elle tombe sous le charme d’un ancien ami vétérinaire, Shai, les certitudes s’en vont au galop. Comment réagiront les hommes qui l’entourent face à ce changement brutal ?

Dans ce no woman’s land, les sentiments semblent être aussi blafards que l’image qui les renvoient. Est-ce alors possible de sortir d’un tel huit-clos sentimental? Mais comment conjuguer l’amour pour un unique homme et un désir sexuel sans limites ?

Tous les animaux présents autant visuellement qu’auditivement renvoient peut-être à ce désir bestial qui ne saurait exprimer en aucun cas par les mots si peu présents dans un environnement aussi insensible. Si la musique est peu présente les dialogues n’en sont pas plus valorisés. Souvent les jeux de regards sont bien plus expressifs qu’un échange anodin.

Les sentiments amoureux résident lors de la danse des corps dans l’épatante scène de passion où la lumière de l’abat-jour et la musique sensuelle rendent l’atmosphère plus intime et chaleureuse.

Tamar se trouve dans un cercle vicieux. Cette femme que certains pourraient qualifier de libre est en fait coincée dans ce rôle choisi ou forcé qu’elle a pris pour acquérir sa liberté. Sa responsabilité, au sein du village fantôme, semble être plus importante qu’il ne lui paraissait. Le rôle de la mère dans ce film est volontairement peu présent. Shai, endosse alors le rôle de père aimant même un peu trop. L’amour de Tamar pour Shai n’est plus très sain. Les personnages des gamines assumés à la perfection par les deux (toutes) jeunes actrices peuvent être interprétés comme les deux aspects psychologiques de la mère : la jeune docile et gentille Noa et Mika charmeuse et calculatrice.

On peut féliciter cette mise en scène toute en subtilité qui lient à la perfection travelling annonciateurs, plans fixes observateurs, et flous mystérieux.

Dans son premier long métrage Hagar Ben Asher nous dévoile un film aux multiples facettes entre solitude, tracas, remise en question, féminité, passion, amour, sexe cru, et rôles à tenir.

Marina Roman
Océane Janton

Lycée Estienne d’Orves de Nice


Une illusion aux portes de l'ambition

Une sexualité débridée, une liberté régie par le vice, tels sont les jouets de la réalisatrice Ben Asher qui se voit dans son premier film The Slut, écrasée par une inexpérience notable. Déjà repérée grâce son court-métrage de fin d’étude Pathways, cette jeune cinéaste israélienne nous fait part de l’histoire d’une femme dominée par ses instincts sexuels, qui se perdra ainsi dans un monde où le désir masculin est omniprésent. En effet, déshumanisée par une présence sourde de la pornographie, The Slut, incarnée par la réalisatrice elle-même, serait le martyr et la voix de cette dissonance qui enfermerait l’homme et la femme dans un cercle de douleurs réciproques.

Épris dans un cadre de no man’s land, le spectateur assiste donc à un film d’une froideur certaine, rythmée par de longs silences et caressé par des travellings lents et douloureux, d’une subtilité remarquable. On notera également la puissance de la mise en scène, qui saura s’exprimer par un jeu admirable du décor : portes et fenêtres seront la matière avec laquelle la jeune metteuse en scène démontrera son talent prometteur.

En effet, le film nous offre des scènes d’une beauté certaine comme la séquence introductive. Dans celle-ci, le spectateur pénètre dans le film par un somptueux mouvement de camera qui débouchera sur un animal, à la symbolique sexuelle très marquée : un cheval. Une fois fixée sur sa patte, nous assistons au déambulement harmonieux de la nature. Fusant dans l’infini, il se verra finalement percuté par un véhicule, comme pour signifier la désarticulation de l’Homme et de son environnement.

Néanmoins, la lumière et l’ambiance du film, pâle et glaciale, sont en contradiction même avec l’espace filmique qui, situé au bord de la mer Méditerranée, se voit dénaturé. Cette ambiguïté sera également marquée par l’absurde contraste entre un thème charnière du film, le désir, et une lumière quasi polaire qui sera le linceul de cette œuvre. On observe donc l’utilisation type et dans l’air du temps d’une lumière clinique qui distord l’émotion de l’œuvre. Nous semblons incapables d’éprouver une quelconque forme de compassion pour des personnages à la psychologie d’une simplicité déroutante où la dichotomie entre le bien et le mal n’est que trop prononcée.

The Slut est un film soulevant de lourdes questions de société, profitant de certaines perles d’esthétisme dont l’utilisation de la lumière ; le scénario trop épuré atténue néanmoins la portée d'un premier film qui semblait très prometteur.

Rémy Bastrios
Alice Egéa
Romaric Siennat

Lycée Pablo Picasso de Perpignan

 


1h27 - Israël, Allemagne - Scénario : Hager BEN ASHER - Interprétation : Hagar BEN ASHER, Ishai GOLAN, Itcho AVITAL.

ACCUEIL

RETOUR A LA LISTE DES FILMS