Sur la planche
de Leïla Kilani
Quinzaine des réalisateurs
palme

Sortie en salle : 1er février 2012




« Je suis juste en avance sur la vérité : la mienne »

Premier film de fiction de Leïla Kilani, Sur la planche agit comme un coup de poing. Derrière les gants, la très jeune Soufia Issami crève l’écran, ou plutôt brûle les planches.

Badia à beau se frotter frénétiquement la peau au citron à se l’arracher, elle n’est qu’une « fille-crevettes ». Mais le temps qu’elle ne passe pas à l’usine à équeuter de stupides crustacés, elle l’emploie à essayer de ne plus l’être. Elle se propulse alors dans les affaires selon une éthique qui lui est particulière – « Je ne vole pas, je récupère… Je suis déjà ce que je serai » – exprimée dans un langage qui lui aussi n’appartient qu’à elle, haché, malmené, voire supplicié.


Sauvage, brusque, frénétique, maigre, tout en nerfs, Badia, pas aimable pour deux sous, houspille, embrigade, ment, trafique, manipule, escamote, subtilise tout ce que ses stratégies hasardeuses lui fait tomber dans le sac, son outil de travail, usé jusqu’à la corde.

Dans un Tanger sinistre, hostile et inondé d’une pluie battante, Leïla Kilani, de peur qu’elle ne lui échappe cadre Badia serré, serré. Badia qui crâne pour faire taire sa peur, qui passe en force vers la zone internationale, interdite, réservée aux « textiles », court vers un futur qu’elle sait sans futur, anticipe un avenir sans horizon.

À des lieues du Maroc lumineux et éclatant de couleurs de La Source des femmes, la réalisatrice filme et s’accroche à son petit soldat qui boxe le cœur et l’esprit, essouffle quiconque tenterait de la suivre et donne le vertige à qui voudrait monter aussi haut qu’elle.

Marie-Jo Astic


1h50 - Maroc, France, Allemagne - Scénario : Leïla KILANI - Interprétation : Soufia ISSAM, Mouna BAHMAD, Nouzha AKEL, Sara BETIOUI.

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